Les campagnes et les montagnes

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Les pentes vertes des coteaux, dégagées de leur maquis sauvage, se peuplent d'oliviers centenaires et de jeunes sauvageons greffés. A la fin de l'automne, des groupes de femmes et  d'enfants aux costumes bariolés s'y donnent de joyeux rendez-vous pour la cueillette des olives. Armés de longs roseaux, ils frappent à grands coups sur les feuillages, faisant tomber des pluies de feuilles et de fruits bondissants. Les plus jeunes s'en disputent le ramassage avec des bousculades et des rires frais.

Des troupeaux de moutons, de vaches et de chèvres, épars dans la campagne, le cou tendu vers le sol, mettent partout des taches mouvantes sur le vert des champs, tout près des grandes terres fraîchement labourées. 

Dans ces régions, on ne trouve guère que des grosses fermes et parfois des villages, points de ravitaillement des douars perdus dans le djebel. Peu d'européens y vivent, noyés dans la masse des autochtones, commerçants,  khamès ou petits cultivateurs laborieux. Une fois par semaine, c'est la pittoresque invasion du jour de marché ; le parc à bestiaux regorge de têtes bêlantes et beuglantes, de croupes laineuses et de la foule des maquignons et des acheteurs indécis,  tandis que la rue est envahie d'une foule de gens qui baguenaudent, discutent et musent aux étalages. 

Plus haut, sur les versants abrupts, à la limite reculée par la main de l'homme, commence le véritable maquis méditerranéen, domaine des lentisques odorants, des arbousiers aux baies rouges et savoureuses, des myrtes de Vénus aux petites fleurs blanches. Les chênes-verts, sous lesquels croissent en abondance les fougères dentelées, les bruyères aux grappes mauves et tout un monde de fleurs sauvages, sentent bon le miel. 

Le regard, remontant toujours, embrasse alors la montagne.                                                         La montagne, on la voit partout, étageant ses sommets, ses massifs, ses verdures, ses pentes raides, ses croupes arrondies, ses cols et ses ravins. La route s'y accroche, taillée dans ses flancs en épousant toutes les formes ; elle monte en peinant de crête en crête, dévale les pentes, serpente au bord des oueds. Elle remonte les versants, se raccroche aux pitons parmi les buissons, les touffes de " diss " , de tapsia et d'asphodèles, puis s'enfonce dans les forêts profondes qui couvrent les sommets...... 

                                            Par              A. Bianco 

A  suivre ...

Khamès : exploitants dépossédés, devenus métayers ou ouvriers agricoles

diss   :  herbe rêche, aux bords coupants comme des rasoirs

tapsia garganica  : ombellifère    

 

Lentisque        merci WIKIPEDIA

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on peut voir                  http://les-quatre-elements.over-blog.com/

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