1 Les plaines - 2 Les pluies

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

1 Les plaines

C'est dans l'encadrement des montagnes que s'étalent les hautes plaines du Tell qu'on a trop tendance à confondre avec les Hauts Plateaux arides. Les Hautes Plaines, enchâssées dans les massifs, arrachées à la brousse des jujubiers épineux, des palmiers-nains et des herbes folles, sont devenues d'excellentes terres à blé et à céréales. Elles font la richesse des régions de Tlemcen, Sidi-Bel-Abbès et Mascara comme celles des Béni-Sliman, des Arib, du Hamza (Bouïra) , et, plus à l'Est, la plaine de la Medjana prolongée par celle de Sétif, celle du Sebaou en plein coeur de la Grande Kabylie, la plaine du Hamma au pied du rocher de Constantine et celle, enfin, de Guelma ouverte vers le Nord sur la grande vallée de Bône par celle de la Seybouse. 

Ce sont là les vrais greniers ancestraux de l'Algérie, domaines des grandes propriétés. Aux approches de l'été, les champs s'étendent en nappes immenses, en mers de lourds épis où la brise met de larges ondulations aux reflets changeants qui vont se perdre à l'infini, très loin, au pied des monts teintés de pastel mauve et bleu. 

Dans l'opulente richesse prodiguée par la terre, les villes et les villages ont grandi. Ce sont les grands centres agricoles de Tlemcen, Sidi-Bel-Abbès, Mascara, Médéa, Miliana ; ceux d'Orléansville dans la vallée du Chellif, de Tizi Ouzou en plein coeur de la Kabylie, Sétif, Guelma et la multitude des villages qui vivent de la terre et pour la terre. 

Résultat de recherche d'images pour "wikipedia photos champs de blé algerie" 

    Merci Wikipédia       

----------------------------------------------------------------------------------------

2  Les pluies

L'immense barrière de l'Atlas Tellien, avec ses hauts sommets et ses vallées profondes, conditionne tout le régime pluviométrique du pays et, par là-même celui des cours d'eau.            A la saison froide, les vents du Nord-Ouest, chargés d'humidité, se heurtent à l'écran des montagnes et provoquent d'importantes précipitations atmosphériques sur la zone montagneuse littorale, notamment dans la région des Kabylies, la plus arrosée, avec une graduation décroissante très nette au fur et à mesure de la pénétration à l'intérieur du pays.       Ainsi Bougie, Djidjelli et Collo reçoivent de 1 000 à 1 800 millimètres de pluie, alors qu'on n'en observe pas plus de 600 à Constantine et moins de 500 à Sétif. 

Ces pluies affectent, le plus souvent, un caractère diluvien à forme orageuse : des trombes d'eau s'abattent sur les montagnes et les plaines, noyant les paysages, ravinant les pentes, faisant de chaque fond de talweg un torrent cascadant et mugissant. Elles coupent les routes de lacs de boue, emplissant les vallées et enflant démesurément les oueds. Ceux-ci roulent alors des masses bouillonnantes d'eaux jaunâtres, terreuses qui envahissent les berges en les rongeant ; elles font naître des cascades bondissantes et écumantes, d'un effet aussi spectaculaire que les " sauts " du Doubs ou du Rhin, mais combien éphémères. Enfin, gagnant les plaines des basses vallées, les cours d'eau s'assagissent et se calment, poussant dans la mer leurs eaux sales qui vont, s'étalant à plus d'un mille en larges taches laiteuses. 

La période des hautes eaux offre des spectacles vraiment grandioses, surtout dans les percées " héroïques " des gorges sauvages, répercutant à la manière d'une caisse sonore, les mugissements rageurs des eaux. 

Une mention spéciale doit être faite aux gorges du Chabet-el-Akra, le  Défilé de la Mort (Kerrata)  et du Rhummel à Constantine où, dans le décor puissant et majestueux des falaises rocheuses, si hautes qu'elles fatiguent le regard, les masses d'eau roulent avec un grondement sourd et vont s'abîmer en chutes et cascades d'où s'échappent des nuages de fines gouttelettes vaporisées. 

Mais bien vite le soleil reparaît dans un ciel lavé et tout le paysage renaît, d'éclaire et rit de toute sa verdure ; la grande colère des eaux s'apaise, les rivières se vident peu à peu et leurs eaux reprennent leur limpidité.

Le grand silence pèse à nouveau dans les  Solitudes sauvages, troublé par les chants d'oiseaux  et,  de loin en loin, par le long mugissement des boeufs au repos ou le bêlement plaintif d'un agneau égaré dans les lentisques verts ... 

                                                                                   A. Bianco

A suivre : Lumière des paysages ...

Note : Talweg ou thalweg = ligne joignant les points les plus bas du fond d'une vallée

Les gorges du Rummel à Constantine, en 1931

                                          Merci Wikipédia

Vous pouvez voir aussi              http://les-quatre-elements.over-blog.com/

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article