L'Aurès

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Dans sa partie orientale, l'Atlas Saharien se redresse en un immense bastion puissamment relevé : le massif de l'Aurès qui porte le plus haut sommet montagneux de l'Algérie, au Djebel Chelia culminant à 2 331 mètres d'altitude. Cette impression de grandeur se trouve encore renforcée par l'effondrement saharien oriental du Chott Melghir. 

Remontant du Sud vers Biskra, on est saisi par cette impression de barrière hermétique que donne l'Atlas : falaises abruptes, escarpements en dents de scie, détachent leurs teintes roses veinées de mauve sur le bleu intense du ciel. Au fait, bien mince et combien pittoresque est l'unique passage taillé d'un coup de sabre entre les monts des Ouled-Naïls et l'Aurès : El-Kantara. Il est impossible de passer cette porte sans s'extasier devant la beauté, la majesté sauvage de l'immense décor béant, brillamment coloré, posé là comme un bouclier brisé par un Roland de légende.

A la manière d'une tôle ondulée, les chaînons de l'Aurès se succèdent parallèlement, orientés du Sud-Ouest_Nord-Est, séparés par les plis de profondes vallées, sur une ampleur de près de cent kilomètres, jalonnée par la route entre Batna et Biskra. Cette disposition explique la direction anormale des fantaisistes petites rivières aux eaux très claires qui, au lieu de se jeter à la mer comme le font toutes les bonnes petites rivières de France et de Navarre, vont se perdre dans les lointains sahariens, sans même avoir la force d'atteindre le grand chott assoiffé. 

Ce dispositif fait également de l'Aurès, un Eden aux  étourdissants contrastes : contrastes des températures passant de la tiédeur de l'hiver biskri à la froidure du plateau de Batna ; contrastes des végétations allant des palmiers aux forêts de cèdres par les étapes variées des riantes prairies, des vergers en fleurs, des abricotiers aux fruits déjà formés.

Sur l'Aurès viennent mourir les dernières humidités de la mer dont le Tell n'a pas voulu ; sous les vents de noroît porteurs de pluie, les premiers contreforts s'arrosent, les plus hauts sommets se poudrent de neige et, tout là-haut, le Chélia se donne des petits airs alpestres. Mais derrière la grande barrière des monts, la pluie n'arrive plus : c'est la Sahara, le désert où l'eau est une exception. 

Et cela est si vrai que souvent El-Kantara marque une étape saisissante : venant de Batna, sous la pluie battante en suivant le bas des pentes où traînent des nappes enneigées, le village vous apparaît, au détour de la route, les pieds au sec, sous un ciel bas chargé de nuages. Quelques centaines de mètres plus loin, au sortir de la falaise, les palmiers de cette première oasis sont baignés de soleil ; comme un mirage lointain, dans un  halo lumineux frangé de verdure, se dessine Biskra ......

                                            A. Bianco 

A suivre : Autour de Biskra

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El-Kantara -   Huile -  55 cm x 46 c m   -  Par M. P. B.

El-Kantara - Huile - 55 cm x 46 c m - Par M. P. B.

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