Lumière des paysages
Partout, en Algérie, ce qui frappe le plus le visiteur, c'est l'exceptionnelle luminosité des paysages, c'est la richesse des couleurs où dominent les teintes majeures : symphonies légères, passées au pastel, des bleus allant des mauves à l'indigo des lointains horizons montagneux. Ce sont les ocres rouges et jaunes des roches, des falaises et des terres argileuses, " mahamras " fertiles des hautes plaines, le gris-bleu délicat des sommets rocailleux, le vert sombre des forêts et le vert tendre des jeunes pousses , le jade diapré de rosée matinale des oliveraies et des lentisques, les champs d'émeraude des moissons futures et toute la gamme des verts émaillés de taches multicolores et bigarrées des êtres et des choses. Et aussi les vertes vallées encaissées, bordées de touffes échevelées des lauriers-roses, au long des eaux claires teintées de ciel ...
Mais, au-dessus de toutes ces féeries lumineuses, de toutes ces débauches de couleurs, il y a celles des levers et surtout des couchers de soleil
A l'aube, les lignes estompées des paysages se perdent dans la brume légère des matins clairs , grisaille bleutée où flottent les contours indécis. Puis, tout à coup, les crêtes s'illuminent, précisent leurs dessins sertis de crêtes dorées et de lueurs envahissantes : le soleil se lève. Très vite, la lumière gagne les pentes, dégringole dans les fonds, escalade les talus, fouille les moindres creux. Avec netteté tous les détails apparaissent, rapprochant les infinis. Dans la brillante clarté inondant la nature, les formes se succèdent, barrées de grandes taches d'ombre mauve et violette. Le soleil est levé.
Mais, d'une incomparable et irréelle beauté sont les couchers qui mettent dans les ciels de turquoise des lueurs d'incendie : fantasmagorie où tous les rouges, les roses et les ors s'unissent et se confondent sur les toiles de fond des nuages et des montagnes. Peintures extraordinaires de quelque magicien trempant ses pinceaux dans l'écarlate, le vermillon et le rubis, semant des poussières d'or, incendiant les immenses et légers flocons nuageux. Luminosités changeantes, lignes féeriques de rose virant au pourpre, des bleus devenant indigo et jaillissements infinis de lumière dorée accompagnant l'immense globe rougeoyant qui, attiré par la terre, un instant se pose sur la ligne dentelée de l'horizon en feu.
Insensiblement rongé, l'astre semble être bu par un gouffre invisible. Un dernière lueur d'or incandescent suspendu un instant sur l'arête de la montagne ... plus rien. Derrière les paupières fermées, dansent, en un ronde endiablée, des multitudes de taches blondes.
Longtemps, longtemps, avant d'être absorbé par la nuit, le ciel garde des traînées sanglantes, des nappes de rouge pourpre frangées de jaune mordoré, tandis que l'Orient se teinte de mauve délicat. Brillant intensément, la première étoile s'illumine dans le ciel encore très clair ; c'est l'étoile du soir qui marque l'heure de la prière (Selet-el-Moghreb : Prière du Couchant) . Dans le silence du recueillement des campagnes ou, dominant le brouhaha des villes, la voix des muezzins perchés sur des minarets, appelle les croyants à la prière.
A. Bianco
A suivre : L'AURES
Extrait des photos gratuites de Pixabay que l'on remercie
Vous pouvez voir aussi :
http://les-quatre-elements.over-blog.com/2015/05/horizons-lointains.html