Week-end à Biskra

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Des journées pleines de soleil m'avaient incité à choisir cette fin de semaine de Décembre, pour faire connaître à ma compagne, Biskra, la " Reine des Zibans " . Mais une brusque perturbation atmosphérique mettait sur le petit matin, le Samedi de notre départ, tout ce que l'hiver sait rassembler de ciel gris, de pluie, de vent glacé, pour se manifester sous l'angle le plus désagréable, le plus antipathique.

Notre petite voiture fonçait gaillardement sur la route glissante, dans les crachins et la bise qui nous faisaient escorte et s'insinuait perfidement par les minces interstices des portières fermées et des glaces relevées.

Déjeuner en manteau à Batna, dans une délicieuse auberge ; repas rapide, englouti en hâte afin d'atteindre au plus tôt la coupure d'El-Kantara qui marque -dit-on - la grande surprise climatique sur la route du Sud. A de rares exceptions près, le voyageur laisse en consigne, dans les gorges sauvages creusées dans l'Atlas Saharien, le bagage inutile de pluies, de neige et de froidure ; de l'autre côté, il trouve le ciel bleu, le beau soleil et une température douce sans lesquels la vision du pré-désert saharien serait bien décevante. 

Mes explications et tout l'étalage de mon érudition sur les curieuses petites gares à double toit débordant, jalonnant de loin en loin la voie ferrée qui suit la route, sur le ravitaillement en eau des " cheminots " qui y vivent, par les " trains-d'eau " , ou sur la montagne de sel trouée comme une éponge, des environs d'El-Outaya, mes hypothèses sur le Médracen et son énigmatique existence, tout cela semblait sans intérêt tant mon aimable compagne recroquevillée souhaitait la surprise.

Nous tombions malheureusement sur l'exception qui confirme la règle ! J'en étais terriblement vexé. Nous venions de quitter les pentes neigeuses de l'Aurès ; nous roulions maintenant dans le couloir rocheux, démantelé, dantesque, des escarpements taillés à angles vifs, de cette porte monumentale et sauvage, espérant le miracle qui ne se produisait pas. " Soleil, ô toi sans qui les choses ne seraient que ce qu'elles sont ... " . 

Falaises, rochers, oued d'El-Kantara, il vous manquait du soleil ce jour-là, pour avoir pu  enchanter nos regards, par vos teintes d'ocre rouge, vos eaux claires et vos palmiers. Vous n'étiez que roches nues et désertes, que torrent aux eaux ternes et communes : nulle poésie ... Première et grande déception .

 

La muraille rocheuse s'ouvre par surprise, sur la première palmeraie saharienne étalée dans la vallée de l'oued, bordée par un village de torchis aux maisons basses et mal équarries, dont les murs, rongés par les pluies, se hérissent de multitudes de brins de paille. L'horizon s'élargit. Insensiblement, l'immensité plate et désertique recule à l'infini ses limites imprécises et fait naître un espoir : là-bas, très loin devant nous, vers la ligne fondue du ciel et de la terre, un nimbe de lumière dorée poudroie la nappe d'un vert-bleuté de l'immense oasis de Biskra.

Nous courons vers le soleil, au travers d'un paysage cahotique, raviné, stérile, coupé par endroits de minuscules champs verts de céréales qui lèvent, de bosquets épineux, de palmiers esseulés, de haies de cactus rabougris, d'invraisemblables petits villages verdoyants. Notre espoir n'est pas déçu. Bientôt nous entrons dans la ville inondée de soleil, nous roulons dans ses rues bordées d'hôtels, de jardins ombragés, de boutiques et de magasins, dans la capitale incontestée de la datte : Biskra.

                                                      A. Bianco                    (A suivre ... )

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