Richesse de Biskra : le palmier-dattier

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Dans Biskra, panneaux-réclames, devantures et enseignes peintes, vantent partout l'entreprise commerciale - gros et détail - l'exportation du fruit merveilleux qui fait la richesse exceptionnelle des oasis sahariennes : la datte Deglet Nour

A elle seule, Biskra draine la colossale production de tout le Territoire de Touggourt et, pour  " la campagne des dattes " , l'administration des Chemins de Fer Algériens doit, pour satisfaire les demandes de transport, mettre en marche des trains spéciaux journaliers, pour remonter vers le nord les fabuleuses récoltes. La moindre boutique met en montre des régimes entiers de dattes, enfermés dans des sacs de cellophane ou des caissettes en bois blanc, annonce ses colis familiaux, " se charge des expéditions en France et à l'Etranger " .

Le grand marché qui trône à l'entrée de la ville - grande cour quadrangulaire bordée de galeries à arcades - n'est qu'un immense déballage de ces fruits d'or : des tas,  des monceaux de dattes sèches, ratatinées, des fonds de magasins remplis de sacs et de caisses de dattes muscades translucides et dorées. 

En ribambelles, des gamins aux doigts poisseux sont occupés au tri, à la sélection et à l'arrangement des fruits, dans des petites caisses blanches ou à l'empaquetage sous cellophane, tandis qu'à côté, des ateliers débitent des planchettes, montent des caissettes et des casiers. 

Partout, des régimes de dattes pendent aux devantures, aux murs, aux plafonds. Devant cet envahissement, on oublie de regarder les autres étalages extraordinaires,  les autres négoces de vaisselle,  de poteries aurésiennes, de tissus et de mille autres pacotilles pour touristes (problématiques) , poignards et yatagans en miniature à lame de laiton rouge, grossièrement ciselés et peints, roses des sables, ces cristallisations capricieuses, oeuvres inattendues de la nature .

Un petit vent du nord, refroidi sur les hautes cimes de l'Aurès, pique désagréablement le visage. Le soleil fait compensation. Nous nous engouffrons quand même, dans une brasserie, pour soutenir d'une boisson chaude, notre enthousiasme frileux. La grande salle, rendue plus vaste encore par ses glaces et ses peintures claires, est déserte ; une barmaid en pantalon noir, nous sert sans empressement. Un moment après, nous retenons sans difficulté une chambre, dans le premier hôtel rencontré. 

Malgré moi, une impression s'impose à mon esprit : l'absence totale de touristes et d'étrangers à une époque particulièrement propice, celle de l'hiver et des fêtes de fin d'année. Des affiches annoncent des réveillons sensationnels, mais cette année encore, Biskra ne connaîtra que des Algériens comme visiteurs passagers. L'Etranger qui,  autrefois, dans les années avant 1939, venait hiverner à Biskra ou passait en caravanes nombreuses, a été chassé par la longue période de guerre et n'a pas retrouvé encore le chemin de cette transmigration.

D'aucuns prétendent aussi que, la véritable exploitation pratiquée par l'industrie hôtelière locale, a été pour beaucoup dans cette désertion de touristes. Il serait opportun, peut-être, de faire une mise au point actuelle et de la diffuser largement, non seulement en France, mais aussi par delà les frontières. Personnellement, je puis affirmer que les prix, appliqués aujourd'hui dans les hôtels et restaurants de Biskra, sont des plus raisonnables.

Mais, nous ne sommes pas venus là pour ces dissertations psychologiques ......

                                                                             A. Bianco

Note : Deglet nour : nom arabe signifiant " datte de lumière "  ou  " datte lumineuse "

A suivre : Le vieux Biskra

               

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Collection personnelle d'affiches anciennes

 

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