Les Gorges de M'Chounèche - Retour à Biskra

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Un oued aux eaux claires, une grande palmeraie pleine d'ombre colorée, un village de boue séchée, des ribambelles de gamins qui saluent notre arrivée de signes de la main et de cris juvéniles.                                                                                                                                                  J'ai une recommandation, une lettre de créance pour le Caïd, malheureusement celui-ci est absent et je dois me contenter de suivre l'un des " guides de l'hôtel " (?) pour la visite des gorges pittoresques qui s'ouvrent en plein massif, à quelques encablures de la palmeraie. 

C'est un chemin épouvantable que celui qui y conduit, un chemin absolument proscrit aux chaussures fines et à hauts talons, un petit sentier de chèvres rempli de cailloux ronds, de coupures boueuses, hérissé de  buissons épineux et d'escarpements de roches.

Brusquement, à un coude de l'oued, c'est la découverte de l'entrée - ou mieux - de la sortie des gorges rouges, taillées à grandes cassures dans le roc et l'argile, sorte de porte immense ouverte sur le coeur sauvage et inquiétant d'un pays étrange, hallucinant. Des cascades de verdure luxuriante, des palmiers esseulés, des guirlandes de plantes étonnantes de vie ; des nappes de lumière et de grands trous d'ombre violette ; une rivière, une eau claire courant sur un lit de cailloux ; des nappes d'eau tranquille où se reflètent, avec une précision exceptionnelle, les images renversées des verdures, des pans de falaises et le bleu intense du ciel.

Un grand calme, un silence pesant, à peine troublé par un chant  lointain des grenouilles et le murmure de l'eau, étreignent profondément, plongent dans l'extase.

On s'entend respirer ...

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Revenus à Biskra, nous voici maintenant dans le Jardin Landon - une oasis sans palmiers - absolument remarquable par la magnificence de ses hautes frondaisons, de ses verdures touffues, de ses coins sombres, de ses plantations luxuriantes, de ses chemins perdus dans les fourrés ; un vrai temple d'ombre, de fraîcheur et de calme.

Mais il faudrait, pour en goûter tout le charme, une journée plus chaude que celle que nous vivons ; pour l'instant, les coins ensoleillés ont notre préférence et toute notre sympathie. C'est bien à regret que nous quittons la douce chaleur qui nous pénètre insensiblement et si délicieusement à l'heure du repas de midi.

C'est déjà le retour. Tout autant que nous-mêmes grisée de soleil et de cap au nord, l'auto nous emporte à une vitesse folle vers la ligne dentelée, toute bleue et rose, striée d'ombre, de l'Atlas qui barre notre horizon comme une muraille infinie et gigantesque.

Dans son décor sauvage, la grande porte d'EL-Kantara nous ouvre le passage : nous rentrons dans l'hiver.                 

                                                                              A. Bianco

A suivre : Histoire __ Villes d'Or __ Mosquées

Gorges de M' Chounèche

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