DJEMILA

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

 

Texte de A. Bianco

  ... Beaucoup plus tard, ayant déjà connu et aimé Djémila, la Guerre me fit découvrir sous le ciel gris et froid de Tébessa, les plus beaux monuments non seulement de l'Algérie, mais peut-être bien du monde romain.

Pendant les tristes journées de Novembre 1942, mes mitrailleuses installées sur la plateforme de l'Arc de Caracalla _  aux quatre portes monumentales et qui était demeuré intact malgré les siècles  _ pointaient vers le ciel leurs tubes à l'affût des avions ennemis. Mes canons archaïques échelonnés le long de la route bordant la Basilique Chrétienne, prétendaient barrer la route aux blindés. 

Collection personnelle

Collection personnelle

J'eus ainsi tout le loisir voulu pour détailler pierre par pierre, le temple dit de " de Minerve " ouvert sur le ciel, sa fresque de fines sculptures courant au-dessus de la ligne des chapiteaux  : têtes de boeufs à pendentifs, aigles stylisés écrasant  des serpents et son attique surchargé de victoires, de cornes d'abondance, de divinités et de guirlandes. J'ai traîné dans le grand escalier dans l'immense dédale de pierres de la Basilique, de ses tours, de ses portiques, dans l'enceinte flanquée de tours, entre les piliers d'autel sculptés de la chapelle tréflée et les colonnades de l'atrium et des nefs. 

Mosaïques de la Basilique.

Mosaïques de la Basilique.

Pourtant, de toutes les  Villes d'Or, une seule m'a vraiment conquis : DJEMILA . L'antique CUICUL n'a certes pas l'étendue ni le quadrillage rigoureux de Timgad. On pourrait même l'accuser d'une certaine fantaisie d'ordonnance échappant aux règles classiques, c'est ce qui en fait peut-être son charme. Mais je crois plutôt que l'attachement spontané qu'elle fait naître vient de la conservation de son relief. Ses pans de murs debout, ses colonnes alignées, ses arcs et ses portiques aériens miraculeusement conservés aident puissamment l'imagination. Ce n'est plus la ville morte des ruines ordinaires jonchant les dalles des forums, des rues et des voies triomphales. 

Vue aérienne  de  Djémila

Vue aérienne de Djémila

L'esprit   conquis reconstruit  ; la pierre s'anime ; les murs se relèvent ; les meurtrissures du temps s'effacent. Sous le grand soleil, la ville sort de son sommeil éternel, éclatante de lumière dorée : elle vit. Dans le décor imposant des montagnes ondulées et tourmentées où les bruns de la terre se fondent dans le vert soyeux des herbes, la cité apparaît brusquement au détour de la route ; elle s'allonge et s'étale sous une croupe triangulaire, descendant les pentes des deux vallées adjacentes où coulent des oueds.

De loin et du haut de la montagne, on distingue deux parties différentes : vers le nord, un quartier bordé d'une large voie dallée où débouchent de nombreuses rues ; c'est un ensemble tassé, d'ordonnance presque classique, marqué par un forum central dégagé.  Vers le sud, un second quartier, très étalé, désaxé, d'un aspect général plus riche et plus relevé. 

Forum

Forum

L'histoire de la ville se lit sur ce plan général :

_ Un quartier primitif remontant au I° siècle avec son vieux forum et son enceinte

_ A partir du II° siècle, débordement vers le sud d'un vaste faubourg s'étalant largement sur l'espace d'expansion permis _ une longue avenue _ un second forum _ de riches constructions _ et un arc-de-triomphe, marquent le déplacement méridional du centre de la cité ......

                                                                                                                       A. B. 

 A  suivre                                                                                    

 

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