Le Palais de Ahmed Bey (II)

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Tableau de E. Delacroix

Tableau de E. Delacroix

On a peine à imaginer aujourd'hui ce que pouvait être, à cette époque, la vie dans cet immense palais . Cependant, une chose certaine se dégage de la lecture des récits recueillis depuis la conquête : la jalousie et la sensualité de Ahmed Bey. Quatre épouses légitimes, sa mère et trois cent soixante cinq femmes - favorites et servantes - peuplaient cet immense sérail dont le Bey était le seul maître. 

Tour à tour, l'un des eunuques remplissait  les rôles d'Intendant, de serviteur et de confident. La garde imposante des Janissaires avait sa garnison face au palais, avec mission stricte d'éloigner les importuns de toutes sortes. 

Janissaire

Janissaire

Les femmes vivaient en recluses dans leurs appartements sans pouvoir communiquer entre elles, se livrant aux délices du farniente intégral. De temps à autre, leur seigneur et maître les réunissait, leur distribuait des friandises, des fards, des vêtements ou des frivolités ; puis elles retournaient dans leur monotone claustration. Au cours de ces petites réunions intimes,  le Bey choisissait, en lui jetant sa pipe, l'heureuse élue chargée de la lui rapporter, dès la nuit venue, dans sa chambre personnelle et de partager sa couche seigneuriale. 

Les unes étaient jeunes et fort belles, les autres, parfois,  étaient laides et adipeuses. Beaucoup d'entre elles provenaient des marchés d'esclaves ; telle la belle Aïcha qui avait été prise dans l'île de Chio. Les autres provenaient des ressources locales sans distinction d'origine. Il eut quelques temps pour concubine, une Africaine dont il eut un enfant. L'une de ses femmes légitimes, lui en ayant fait le timide reproche, il la fit égorger . Plus encore pour les femmes que pour les hommes qui avaient eu le malheur de déplaire, il  avait des raffinements de cruauté ... 

Aujourd'hui, le palais n'est plus qu'un Etat-Major, une suite de bureaux encombrés de tables, de cartes et de papiers ; mais les jardins fleurissent toujours et leurs grandes verdures mettent partout de l'ombre et de la fraîcheur.  

Le Palais de Ahmed Bey (II)
Salle du trône de Ahmed Bey

Salle du trône de Ahmed Bey

Ahmed Bey

Ahmed Bey

Notes

 1 Mon père travailla plusieurs années en ces lieux splendides.

 2 La peinture de E. Delacroix  représente les " Femmes d'Alger " : celles de Constantine devaient leur ressembler !

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