Caravanes (1)

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Léonard Peyclit - Peintre Orientaliste - 1857-1929

Léonard Peyclit - Peintre Orientaliste - 1857-1929

Texte de A. Bianco

Tout comme Le Tombeau de la Chrétienne, le Médracen – qui lui ressemble comme un frère – garde son secret.

Pourtant, un plan d'action se dessine et se précise pour des fouilles minutieuses prochaines qui déchiffreront – peut-être – le lourd passé de ce monument et diront pourquoi les caravanes remontant du Sud, fidèles à une tradition immuable, choisissent toujours, depuis des millénaires, ce gîte d'étape désert et sauvage .

Le Médracen

Le Médracen

 

Elles remonteront l'Histoire au cours des âges jusqu'aux temps légendaires des hordes marchandes errant dans les immensités des sables, depuis les Portes de l'Orient, vers les riches colonies phéniciennes du Moghreb. Qui sait ? … Peut-être y retrouvera-t-on le passage et la légende merveilleuse de quelque divine Balkis …

Tout comme celui des diligences, le temps des grandes caravanes a vécu depuis longtemps et pourtant, on en rencontre aujourd'hui sur les routes du Tell. Défilés pittoresques dont les chameaux sont des dromadaires, suivant les traditions ancestrales de la transhumance des troupeaux, elles vont par les routes poussant avec elles leurs " maisons " et leurs biens, leurs bêtes et leurs gens.

 

Dès la fin du printemps, alors que les maigres moissons sont déjà rentrées dans les régions de l'Aurès et du Hodna, en longues files mélancoliques elles remontent vers le Nord à la recherche des pâturages et des points d'eau, sur les chemins traditionnels empruntés depuis des générations et des générations de «rah' al' " (nomades).

Caravane miséreuse d'une pauvre famille isolée, caravane opulente d'un douar volant ou d'une tribu errante groupée autour d'un chef vénéré, cet ensemble bariolé et ondulant de gens et de bêtes résignés, allant à pas lents sur les bords de route, est un spectacle coutumier dont le pittoresque nous arrête, fixe notre attention et donne des ailes à l'imaginaire.

 

Dromadaire portant le bassour

Dromadaire portant le bassour

 

Le dromadaire – que tout le monde s'obstine à appeler «  chameau « , est à lui seul un centre d'intérêt. Ce vaisseau qui tangue a une bosse. Il porte haut sur cou sa petite tête à la lippe dédaigneuse ; avec ses yeux de courtisane mal fardée, il va d'un pas égal et mesuré , toujours le même, malgré les charges entassées des "  tellis "  (grands sacs doubles en laine et poils tressés pour mettre les grains) et des "  bassours "  ces grandes cages pleines de mystère dans lesquelles voyagent les jeunes épousées indolentes. Sa croupe fuyante disparaît sous les fardeaux ; ses pieds, mous comme de la mousse de caoutchouc, se gonflent et s'écrasent à chaque pas , scandant les mouvements de son cou flexible. De gros cals, gercés et sales marquent sur membres  les points d'appui de la station assise quand on le fait baraquer, soit pour le repos, soit pour le chargement ...... A suivre , cette vie de  chameau.

                            A. B.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article