De Chéraïa au Djebel Goufi

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Cheraïa - 18 759 hab. ( 2 008 )

Cheraïa - 18 759 hab. ( 2 008 )

Texte de A. Bianco

Un camion nous emporte maintenant vers la forêt, en pleine Kabylie de Collo. La côte monte raide, bordée de champs cultivés et de verdures fraîches. Les lacets de la route se succèdent jusqu'au petit col où, une fois encore, on peut regarder la mer, tout en bas. 

Passé le col, une riante vallée déroule des champs et des bois ; dans une frondaison, un toit rouge apparaît. Au travers des arbres on devine un village. Rien de plus frais, de plus gai, que ce petit village de Chéraïa dans lequel nous pénétrons par une route bordée de grands arbres séculaires, de frênes énormes, très hauts, couronnant aussi tout le village. Les jardins sont remplis de fleurs, de treilles feuillues, de barrières débordant de rosiers et de bougainvillées en fleurs qui cernent les maisons. 

Maintenant, la route attaque la montagne ; la forêt commence, coupée de clairières. Par moments, le chemin borde des précipices abrupts, pleins de grandes fougères et de buissons. Parfois il traverse des espaces dénudés servant au stockage du liège et du bois abattu.

Chênes-lièges

Chênes-lièges

Puis la forêt reprend, toujours plus dense. Tout en haut d'une côte raide, voici Bessombourg, avec le clocher bizarre de son église en bois. Ici réside le cerveau d'exploitation de toutes les forêts d'alentour ; un village entier qui vit du bois, du liège et d'une usine. 

" Usine des lièges " à Bessombourg

" Usine des lièges " à Bessombourg

On s'enfonce maintenant en pleine forêt, la grande forêt des chênes-lièges, par une route bien mauvaise, bien cahoteuse. Le chêne est roi de ce domaine immense : chênes plusieurs fois centenaires, de toutes les grosseurs, de tous les âges ; ayant subi le démasclage jusqu'au gros des branches ou encore jeunes et portant leur premier liège boursouflé. 

Plus haut encore, alors que le liège partage sa place avec les chênes-zen, voués à l'abattage, nous voici au col de Meldjelba à près de 1 000 mètres d'altitude. A quelques minutes de là, un sentier mène au Djebel Goufi, piton culminant du massif (1 183 m. ) dont on distingue les pentes verdoyantes au travers des frondaisons. 

Djebel Goufi

Djebel Goufi

En haut du Goufi,un marabout vénéré a son tombeau. Nous nous laisserions bien tenter si nos jambes un peu raidies par l'ascension du Sidi-Achour, la veille, ne nous rappelaient à la sagesse. 

Mais l'air fraîchit très vite à cette hauteur. Une brume légère envahit déjà peu à peu la forêt, noyant les contours et pressant notre rentrée. Dans un crépuscule de grisaille, des brassées de fougères et de fleurs remontent dans le camion ... Le week-end est passé ...

  A. B. 

Notes : le démasclage est l'enlèvement du premier liège ou " liège-mâle" .

C'était le long week-end de la Pentecôte 

              M. P. B.

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