Escalader le Sidi-Achour
Texte de A. Bianco
Pour l'ascension du Sidi-Achour, il faut se lever très tôt si l'on veut éviter la grosse chaleur. Partant à l'aube et sans se presser, on arrive au sommet juste au moment du lever du soleil, en pleine féerie éblouissante du jour naissant.
Avec un entrain juvénile, la petite caravane se met en route derrière le guide. Grand, maigre et agile, il va nous faire passer dans le dédale de pistes et sentiers de chèvres menant au tombeau du Saint, là-haut, perché en plein ciel.
Les maisons vite dépassées, un raidillon caillouteux serpente entre les hauts massifs de verdure, les broussailles monumentales des ronces, des vignes abandonnées, des sauvageons d'oliviers. On découvre des petits jardins suspendus, retenus par des murs de pierres sèches, quelques petits gourbis épars et la vraie montagne commence.
Cachée dans les hauts fourrés de lentisques, la piste monte interminablement, passant des creux de ruisseaux à des amas de cailloux qui roulent sous les pas, parfois, simple trace contournant les buissons, parfois élargie et plate, propice à une pause pour souffler un peu.
A chaque arrêt on mesure l'éloignement progressif des lieux que l'on a quittés. La marche reprend, plus dure, elle commence à tirer sur les jarrets.
Brusquement on se retrouve sur un autre versant de la montagne ; un col élevé d'où l'on découvre une jolie petite baie, toute bleue, toute belle, bordée de rochers, de falaises creusées de grottes : les Tamanars. Le maquis laisse place à de grands arbres chenus sous lesquels poussent les fougères et les genévriers ; une petite source captée marque la " pause casse-croûte " bien méritée et indispensable avant le dernier effort.
Dès lors, le chemin grimpe dans les escarpements de rochers, véritable escalade taillée à même le roc, débordant sur le vide ; et c'est le sommet : un étroit plateau rocailleux, balayé par les vents, quelques touffes de jujubiers sauvages, avec, en son milieu, une maisonnette toute blanche au toit de tuiles retenues par des cordons de gros cailloux et surmonté d'un paratonnerre.
A cette altitude, dominant la mer étalée à nos pieds, un immense panorama se déroule à l'infini où, dans la brume légèrement bleutée, se devine la ligne imperceptible des monts de l'Edough, tandis qu'en plans successifs, de plus en pus rapprochés, de plus en plus nets, on suit des yeux les multiples indentations d'une côte accore merveilleusement colorée.
Notre guide musulman profite de cette ascension pour rendre au Saint Homme du lieu, les honneurs rituels : ramassant des brindilles d'herbes sèches et de bois mort, il allume entre deux pierres, un petit feu qui crépite allègrement sous le vent. Ses lèvres psalmodient une prière intérieure. Puis, il nous fait pénétrer au lieu saint, nous montre le tombeau surélevé, marqué de deux pierres plates, aux pieds et à la tête, et découvre de grands bahuts de bois où dort une vaisselle importante - cuves, marmites, plateaux de bois - tout ce qui est nécessaire, les jours de pèlerinage, à préparer un plantureux couscous partagé, en plein air, avec les prières, les incantations et les chants :
" Louange à Dieu Seul . Mahomet est son prophète. Qu'il étende sur nous sa miséricorde et sa baraka ... "
A. B.
Notes : " Côte accore " = côte plongeant verticalement dans une mer profonde.
El Watan dit ce qu'est devenu le lieu saint .... Je vous invite à le lire.
https://www.elwatan.com/archives/skikda-archives/le-mausolee-de-sidi-achour-en-ruine-22-02-2007
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