Bougie : Le Cap Carbon
Texte de A. Bianco
Après toute une matinée sans la moindre pause, notre équipe, sautant en voiture, s'élance à l'assaut de la montagne. Les maisons les plus haut-perchées dépassées, la piste livre au Gouraya, une dure bataille : ce ne sont que lacets " en épingle-à-cheveux " ou " virages-casse-pipe " . Tout cela, au travers du joli petit bois de pins et du maquis luxuriant. Coup d'oeil admirable (sauf pour le conducteur) , à chaque échancrure, sur le golfe de Bougie illuminé par le soleil de midi, sur la ville et sur des flots de verdure vus du ciel (ou presque) .
Pour ménager l'effet de surprise, la route s'arrête net contre une falaise. Un tout petit tunnel, plein d'humidité, conduit de l'autre côté du pan de la montagne et alors ... Oh ! Alors ... Non, vous n'aurez jamais rien vu d'aussi beau que ce spectacle grandiose offert à nos yeux ravis.
Il faudrait, pour peindre ce tableau, réunir sur une palette, des verts et des bleus, des ocres, des rouges et des jaunes pour les rochers ; il faudrait, pour réaliser les transparences de l'eau, rassembler des améthystes, des émeraudes, des saphirs et des opales pour les camaïeux de bleus et verts, et encore, il y manquerait cette poésie agreste qui met de l'âme aux paysages.
Rutilant de soleil, le Cap Carbon, une presqu'île immense et colorée, repose, sur la soie bleue des eaux ; comme taillées à coups de serpe, les falaises rocheuses plongent dans l'eau - glauque en ces endroits - tandis que , dans l'anse des "Aiguades " , des transparences d'azur et d'aigue-marine, éclairent les fonds aux traînées sombres et pointillées comme des nuits étoilées. Mille paillettes d'or et d'argent courent, vagabondes sur les rides de l'eau.
Un sentier minuscule serpente dans les feuillages épais, descend en lacets capricieux, du sommet, depuis les bâtiments du phare (à plus de 220 m. au-dessus du niveau de la mer) se glisse dans les taillis de l'isthme et remonte par mille détours, jusqu'à nos pieds, dans les foisonnements des lentisques vivaces, des herbes drues et des minuscules fougères dentelées, parsemées de cyclamens et d'oeillets sauvages.
Une corniche suit le bord du rivage, tout en bas des pentes, le long des rocailles pourpre et or, où nous aurions aimé courir. Mais, par leurs tiraillements, nos estomacs nous rappellent l'heure et freinent nos élans. Et, c'est de très haut, qu'en le suivant des yeux, nous faisons ce chemin tourmenté au bas de " La Vallée des Singes " : il ramène à la Baie de Sidi Yahia et au port, entre les épanouissements de verdure des grands arbres et des buissons, et l'eau si bleue d'une mer tranquille.
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Cet aperçu trop bref de Bougie, nous permit de nous faire une idée de son passé, à la fois riche et mouvementé et des sites merveilleux dont la nature l'a dotée. Une seule chose manqua à notre séjour à BOUGIE : l'ascension du Gouraya qui, avec ses 660 m d'altitude , doit offrir à ceux qui parviennent à son sommet - que couronne le Fort - l'enchantement des horizons infinis, des côtes escarpées et des reliefs tourmentés des Kabylies. L'interminable vallée de la Soummam semble les couper : dès le lendemain, elle nous arrachera à la contemplation des rivages marins ...
A. B.
17 à 19-08-19
A suivre : De la plaine à la montagne
Notes
" Passé mouvementé " : oui, vu le nombre des vagues d'invasions.
" Son riche passé " : oui , précisons qu'au Moyen-Age, BEJAIA était renommée pour ses penseurs et savants que l'on appelait : " Princes de la Science " . Elle perdit peu à peu cette faveur. Mais en 2 001 , elle la retrouva en devenant la Capitale Culturelle de la Kabylie !
M. P. B.