Bougie
Texte de A. Bianco
Bougie est notre nouvelle étape. Nichée dans la verdure, la ville apparaît, toutes ses maisons accrochées depuis le bas des pentes d'un piton au dôme rocailleux et broussailleux à plus de 600 m. d'altitude : le Djebel Gouraya. Au loin se profilent les Babors.
Une odeur âcre, caractéristique de caroube, vous saisit dès les premières constructions - maisons et entrepôts - voisines de l'arrière-port. Le caroubier pousse, en effet, en abondance dans la région.
Nous escaladons la ville, l'auto se perdant par endroits dans de bien modestes ruelles. Après une rampe plus accentuée, on débouche, par surprise, en plein coeur de la cité, sur une place ombragée, flanquée de bâtiments à plusieurs étages. Elle est bordée de brasseries, d'hôtels et de magasins sous arcades. Cette place est une vraie terrasse largement ouverte sur la mer, le port et les toits étagés des maisons. C 'est un grandiose panorama dégagé de tout obstacle, vue imprenable garantie.
La caractéristique de Bougie, est d'être une ville en montées et descentes. Vous entrez de plein-pied dans un restaurant, vous traversez la salle, la fenêtre à laquelle vous vous penchez s'ouvre sur une hauteur de trois étages ! Ou vous arrivez époumoné à l'étage où habitent vos amis et vous voyez, à travers les vitres du salon, passer des échassiers humains.
Et l'on finit par ne plus être surpris par ces anomalies, pas plus que par d'autres, que réserve aux étrangers, cette ville tortueuse.
Ville méditerranéenne, Bougie a un climat doux en hiver et des étés pesants de chaleur humide. En comparaison avec le reste du pays, il y pleut davantage. C'est ce qui donne à la ville sa parure de végétations multiples dont elle est si fière. Je n'ai jamais rien vu d'aussi joli que le tout petit square, devant la Sous-Préfecture : sur des fonds verdoyants, éclatent des fleurs en massifs rouges, jaunes, blancs, tandis que, débordant des pentes au-dessus des murs de soutènements, les acanthes et les iris mettent sous les arbres leurs bouquets verts et mauves.
Tout près de là, en contrebas, les ruines de la Porte Sarrazine, elles-mêmes, sont tapissées d'herbes et de lierre vivace. C'est l'un des derniers vestiges de l'enceinte moyenâgeuse qui limitait la ville face à la mer et que l'on appela " Bab-el-Behar " ( La Porte de la Mer) . Elle n'est plus, aujourd'hui, qu'un arceau brisé, pantelant, dont le conglomérat défie le temps.
Sur l'alignement du grand marché moderne, se dresse une imposante muraille de briques rouges, à pans inclinés : cette massive enceinte fortifiée remonte au XV° siècle, lors de l'occupation espagnole de Pedro Navarro. Cette casbah renferme aujourd'hui diverses dépendances militaires et les logements des "cadres " , (suite au bombardement aérien de 1 943) .
Quelques pierres romaines existent encore, pauvres restes de l'antique Saldae, qui fut, sous Auguste, une colonie prospère de Vétérans de l'Armée Romaine.
De la ville ancienne, les murailles qui subsistent sont encore impressionnantes ; les pans de murs encadrant " Bab-el-Bounoud - que l'on nomme aussi " Bab-el-Fouka " - La Porte des Etendards - témoignent de sa puissance passée.
Mais la nature a doté la ville de sites remarquables ...
A. B.
A suivre ... Le Djebel Gouraya et le Cap Carbon
Notes
1 Il y avait sept portes de la ville. Les souvenirs des cinq portes disparues sont imprécis mais on peut localiser certaines d'entre elles, selon les quartiers. Citons Bab el Louz - Bab es Sanaâ - Bab Assioun - Bab Goraya .... et ....
2 Actuellement on tente de relancer la cueillette de la caroube.
3 BEJAIA semble bien avoir dépassé Oran pour son activité portuaire.
M. P. B.