Philippeville côté mer - - Fin de la Tournée

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Port de Philippeville - Chargement de moutons - par José Ortega - (1 877-1 955 )

Port de Philippeville - Chargement de moutons - par José Ortega - (1 877-1 955 )

Actuellement Skikda

Texte de A. Bianco

Dans l'âcre odeur caractéristique de mer, de mazout, de goudron, de fermentations et de sacherie, le petit port déroule ses installations : une gare maritime, des entrepôts trop grands, des agences de Compagnies de Navigation et par-delà les jetées, une route en corniche qui borde les flots. 

D'un côté, la route mène à Stora, minuscule port  de pêcheurs napolitains, blotti dans le maquis d'un creux de vallon. Elle se tortille le long des plages minuscules coupées de récifs et de pointes rocheuses. Des hôtels, pensions et villas  qui sont pris d'assaut dès qu'approche l'été, alternent avec des fabriques de salaisons qui empestent l'anchois. Pour l'instant, les plages sont désertes et les volets bien clos. 

Plus loin, un sentier taillé en plein roc, envahi de broussailles, lentisques et oliviers sauvages débordant du haut de la coupure, mène au " Ravin de Singes " où s'est niché le " Miramar " . 

Route de Stora - par José Ortega

Route de Stora - par José Ortega

Elle mène aussi au " Ravin des Lions " , où des villas et des cabanons s'accrochent aux rochers battus par les vagues. Rien n'est plus charmant que ce petit chemin serpentant au bas des montagnes, loin du monde, loin de tout , en pleine nature sauvage. C'est une suite de criques aux eaux claires, aux pointes rocheuses entre lesquelles jaillit l'écume. Parfois, une fine passerelle rustique saute d'un escarpement à l'autre au-dessus de l'eau bleue ; parfois le chemin se perd dans un éboulis et devient un simple sentier de chèvres. 

En bas, la mer étale majestueusement ses eaux vertes et bleues, aux palpitations scintillantes jusqu'à la ligne dorée d'une immense plage de sable fin, ouverte au grand large et pleine de dangers : la plage Jeanne d'Arc, calée au pied des monts du Filfila. La route qui y conduit est une promenade à laquelle on ne peut échapper. 

Lorsque c'était possible, notre équipe allait s'y détendre. Nous baignions nos yeux du bleu de l'eau et du vert de la campagne. Et nous tentions de distinguer de loin, les carrières du Filfila :  elles étaient bien plus loin que la ligne des villas et de la superbe piscine moderne peinte en ocre rouge.  

Finalement, la curiosité l'emporta et nous mena à les voir sur place. Ces belles carrières de marbre blanc, ouvertes en plein ciel, sont une richesse de la région de Philippeville. Les Romains les connaissaient et les exploitaient déjà. 

 

Carrières de marbre du Filfila

Carrières de marbre du Filfila

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Note

Cette exploitation reprit vie à la fin du XIX° siècle et en 1922 connut son essor grâce à des techniques nouvelles. On trouva d'autres filons de marbres de couleurs variées. On peut penser que les Romains ne furent pas les premiers à exploiter le marbre blanc car une nécropole Punique de marbre blanc fut trouvée à Stora.

Port romain de Stora

Port romain de Stora

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Avant de quitter Philippeville, il nous fallait  connaître aussi son  Théâtre Antique, la ville ayant été créée sur les ruines de l'ancienne Ras Cicada - Rusicade, des Phéniciens puis des Romains. Débouché naturel d'une région riche de vignobles et de plantations d'agrumes, la ville se développa rapidement, recouvrant la cité antique, à l'exception du Théâtre Romain plus grand que ceux de Djemila et Timgad (qui furent déblayés de leur gangue et restaurés pour servir de cadre aux représentations classiques de l'ancienne troupe théâtrale de " La Tournée des Villes d'Or " ) .

Théâtre Romain - Philippeville-Skikda - Merci à a3d-dz.com

Théâtre Romain - Philippeville-Skikda - Merci à a3d-dz.com

Il nous fut difficile de le découvrir : il est noyé dans les constructions d'un quartier écarté du centre-ville. 

Il fallut donc quitter Philippeville, si plaisante, pour les deux dernières étapes de la Tournée, dans la verte campagne : Jemmapes et El Arrouch. 

A travers  chênes-lièges, chênes verts, ormes et frênes, la route nous conduisit à Jemmapes, à une trentaine de kilomètres à peine  de Philippeville.

La petite ville domine l'oued El Fendeck ; quelques débris de ruines romaines rappellent son passé. En son centre, un obélisque romain, en grès, de huit mètres de haut est la plus spectaculaire de ces ruines.  

L'obélisque romain

L'obélisque romain

El Arrouch, dans la Vallée du Saf-Saf,  était la dernière étape de cette longue randonnée. Plus qu'une cinquantaine  de kilomètres à faire avant de retrouver nos familles et nos maisons. Nous passions non loin d'un site que certains d'entre nous ne connaissaient pas : le fameux Barrage des Zardézas. En le regrettant pour eux et pressés par le temps,  nous n'avons pas fait le détour.  

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Note

Ce barrage dont le projet avait été déjà élaboré en    1 901, fut (enfin) mis en eau en  1 945. La touche finale fut l'installation d'un garde-fou métallique en 1 953. 

Barrage des Zardézas

Barrage des Zardézas

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Je referme aujourd'hui " Le Tiroir aux Souvenirs " , riche de cette collection d'images colorées et lumineuses glanées au long des routes et des pistes, des bords de la mer à la haute montagne. Ce sont des surprises, des craintes, des découvertes et des ravissements qui nous ont fait mieux apprécier notre pays. Ce sont des rencontres parfois étonnantes de gens de toutes conditions, citadins comme montagnards, adultes de tous âges et surtout une jeunesse en devenir. Cette Tournée du Conseil de Révision permettra aux jeunes hommes " Bons pour le Service " , de mieux se connaître en vivant ensemble quelques temps pour une sorte d'apprentissage d'une Vie d'Hommes. 

                                               A. B. 

07-11-2019

Note : Jemmapes s'appelle maintenant : Azzaba                     

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