Tlemcen de toujours et d'aujourd'hui
Texte de A. Bianco
... En général, le promeneur ou le touriste ne va pas plus loin que le seuil d'une mosquée dont il remarque au passage la lourde porte massive, épaisse, bardée de ferrures et de clous énormes. Il découvre un patio inondé de soleil avec des coins d'ombre et de silence, des tapis et des nattes étalés sur le sol, un coin où chante une fontaine ; dans l'eau de cette fontaine, le croyant débarrasse symboliquement son visage et ses mains de toutes les souillures du dehors avant de se mettre en prière.
Les colonnades, le plus souvent en marbre, sont surmontées de chapiteaux ouvragés, d'arcs brisés ou en plein cintre ; des placages de faïence ou de mosaïques revêtent les murs de leurs enluminures chatoyantes ; à de hauts plafonds sont suspendu des lustres et des lanternes en cuivre savamment ciselé, garnies de vitres colorées que l'on allume à certaines grandes occasions suivant des rites séculaires.
A l'une des cinq prières du jour, la mosquée se remplit de fidèles et l'on peut voir le flot des dos courbés s'abaisser et se relever, en un parfait mouvement d'ensemble, les mains ouvertes et tendues en avant comme si elles tenaient un livre, ou comme si les croyants attendaient, dans ce geste, de recueillir un peu des bienfaits qu'Allah envoie sur la terre.
" Allah Akbar " ... ( Dieu est le plus grand ) ... leitmotive lancinant qui se redit cent fois au cours de la prière ... Les voix et encore les voix des hommes à genoux qui psalmodient inlassablement les versets du Coran ... Nouvelles génuflexions trois fois répétées, nouveaux agenouillements, c'est le grand brouhaha de centaines de voix implorant ensemble la clémence du Dieu des croyants ...
Cela résume donc à peu près, tout ce qu'un Européen connait des mosquées. Pourtant, quelle source d'enrichissement artistique a-t-il perdu sans s'en douter ! Car c'est bien là, dans les mosquées, que se trouvent rassemblées les plus belles oeuvres de l'Art Hispano-Arabe.
Si Tlemcen s'est érigée en capitale spirituelle de l'Islam, ce n'est pas spécialement par ses nombreux édifices religieux, mais parce que depuis toujours elle a offert aux croyants des retraites ombragées et discrètes, propres au recueillement et à la méditation pour les lettrés et les sages. Leur réputation légendaire est marquée par leurs tombeaux, entretenus de génération en génération, par les fidèles : depuis la kouba du saint patron vénéré de Tlemcen - Sidi Bou Médine - à ceux de Sidi Yacoub, de la Sultane, de Sidi Bou Ichak - " la gloire de son siècle par son savoir et sa piété " .
Afin d'y répandre la foi, des Médersas et des écoles coraniques se sont érigées à Tlemcen, et depuis des lustres et des lustres, les plus fins lettrés que compte l'Algérie en sont sortis pleins de docte savoir et de grande sagesse.
Il n'en fallait pas plus pour que, bénéficiant du développement économique que lui donnait sa situation au carrefour des grandes routes commerciales, les puissants seigneurs et les riches marchands choisissent cette cité pour leur résidence, y déployant leur fortune en des demeures somptueuses où il était de bon ton de pratiquer une certaine élégance de langage et de moeurs ainsi que tous les raffinements d'une bourgeoisie dont le renom gagnait toute l'Afrique.
En même temps, des artisans aux mains habiles se mettaient à fournir des tapis, des céramiques, des tissus de soie et de laine, des bijoux et des armes dont la renommée s'est perpétuée au cours des siècles. L'industrie du tissage, demi-artisanal de la laine surtout, s'est profondément implanté à Tlemcen ; il nous reste encore en mémoire les terribles années quarante à quarante-cinq, alors que l'Algérie coupée de la France manquait de tout, et que seul, le "tlemcen " était notre précieux tissu. C'était l'unique lainage que l'on pouvait se procurer, non sans difficulté. Il eut donc son heure de célébrité et une renommée locale, sans concurrence, bien entendu.
Au milieu de ses richesses et de ses oeuvres d'art accumulées durant des siècles, la douceur de vivre, la civilité et la pratique sincère de la religion ont su résister à l'usure du temps. Aujourd'hui, plus que jamais, Tlemcen est restée une cité attachante , où, comme l'a dit, il y a très longtemps, Sidi Bou Médine : " C'est là qu'il ferait bon vivre et mourir " .
A.B.
Notes : Aujourd'hui Tlemcen compte des usines de véhicules - une industrie agro-alimentaire - une usine de galvanisation à chaud mise en service en Avril 2019 - on y fabrique des habits traditionnels féminins - des tapis - le Tourisme s'y développe - elle fut Capitale de la Culture Islamiste en 2011 . MPB
La belle Mairie de Bône ( ou : Annaba ) - Les 4 éléments
L'Hôtel de Ville au temps de sa splendeur Bône, dite à raison : " La Coquette " , était une belle ville de L'Est Algérien, qui se posait un peu en rivale de Constantine. Elle pouvait s'enorgue...
http://les-quatre-elements.over-blog.com/2020/01/la-belle-mairie-de-bone-annaba.html