Printemps d'Algérie : Le retour des cigognes -(2)
Texte de A. Bianco
Les premières cigognes sont arrivées ! Avec les fleurs d'amandiers, elles sont, elles aussi, les annonciatrices du Printemps d'Algérie. Un premier détachement précurseur arrive alors que l'hiver livre ses derniers assauts rageurs : elles viennent reconnaître les lieux abandonnés, quelques mois auparavant, au moment de l'exode hivernal. Inspection frileuse des grands nids perchés sur les vieux toits des maisons des villes et des fermes dans la campagne, sur les hautes branches des arbres étêtés. Isolées, transies, on en rencontre de loin en loin , sous le ciel bas et gris : tristes, tristes, perchées sur leur pattes trop longues, leur grand cou replié, attendant le beau temps, elles regardent passer l'hiver.
Enfin, lorsque ayant chassé les bourrasques et le froid, le soleil a repris son domaine de ciel immensément bleu, un signal court dans l'azur vers les refuges ignorés de ces grands migrateurs. Un beau matin, les nids de branches mortes se sont peuplés ; les couples mélancoliques se sont reformés pour une nouvelle couvée, pour une nouvelle génération.
Les silhouettes blanches à points noirs, perchées sur des échasses roses, peuplent les prés humides, les bords des ruisseaux et des eaux stagnantes. Pleines de componction, bec pointé vers le sol, les cigognes vont à la pâture à pas comptés, à grandes enjambées. A la moindre alerte, au moindre bruit, elles redressent leur long col, étendent mollement leurs ailes blanches frangées de noir ; deux ou trois sautillements, puis, ramant largement, elles prennent lourdement leur vol. Les ailes étendues s'immobilisent ; cou et pattes allongés, elles planent un moment, puis, détendant leurs longues échasses, elles se posent un peu plus loin dans un grand battement de leurs ailes qui n'en finissent pas de se replier.
Ou bien, dans les grands nids haut perchés, elles renversent leur cou flexible et mettent dans l'air des claquements rapides et interminables comme ceux des crécelles.
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L'air attiédi s'enrichit des mille senteurs et multiples parfums des fleurs colorées. Réveillé de son long sommeil hivernal, le peuple des insectes sort de partout pour des parties champêtres et des accouplements clandestins.
Les aubépines se couvrent de grappes de bourgeons serrés, prêts à éclater au premier signal de la grande débauche des floraisons.
Les ramures des grands arbres s'animent des chants et des froufrous d'ailes des oiseaux qui s'égosillent.
Déjà prometteuses d'ombre fraîche, les premières feuilles d'un vert jaune mettent aux arbres de délicates dentelles ajourées où le soleil fait jouer des transparences.
Les " Jardins des Hespérides " des plaines côtières se vident peu à peu des fruits d'or que sont les dernières oranges de la saison ; des cascades de citrons naissent dans leurs feuillages raréfiés.
L'enchantement printanier est de bien courte durée. Dès le début d'Avril, les premières chaleurs font naître une vie intense, une éclosion générale des bourgeons à feuilles et des fleurs en boutons. Rapidement les pistils se gonflent de vigueur pour devenir fruits. Une expansion totale du monde des plantes, des feuilles et des fleurs en retard, secoue la nature entière. Les chatons, les ombelles, les corymbes, les pétioles, les jeunes épis, larguent pétales et étamines inutiles qui tombent en pluie colorée.
C'est une poussée générale, une course rapide, vers la fécondation et la fructification sans poésie.
La poésie a fini avec la chute des derniers pétales multicolores, avec l'arrivée des rouges coquelicots refleuris dans les moissons grandissantes, si abondants par endroits, que les champs paraissent ensanglantés.
Et les amandiers ont pleuré toutes leurs fleurs qui sentaient si bon et où les abeilles mettaient un bourdonnement d'essaim ...
A. B.
Note : Le corymbe est une inflorescence où les pédoncules sont de longueur inégale mais où toutes les fleurs sont à peu près sur un même plan.
Les oiseaux du " Vieux Rocher " - Les 4 éléments
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