Printemps d'Algérie - (1)
Amandier en fleurs
Texte de A. Bianco
Il neigeait sur les amandiers en fleurs
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L'amandier est, par excellence, le précurseur du printemps en Algérie. Narguant la froidure, les pluies et les bourrasques de Février, ses fleurs en boutons profitent de la première éclaircie ensoleillée pour éclater à la lumière ; les premières fleurs s'ouvrent, un beau matin, par surprise. Leur découverte est une vraie joie du coeur, l'espoir en l'arrivée précoce des beaux jours.
Un rayon de bonheur illumine la maisonnée dès qu'une branche fleurie, prise au bord d'une route, y pénètre ; malgré la raideur et la nudité des rameaux, les fleurs blanches, au coeur rosé, plaquées en touffes sur les brindilles torses, chantent la poésie du printemps revenant et exhalent un parfum de miel doré.
Mais l'hiver livre un dernier assaut. Un jour de cet interminable mois de Février, rageusement, les rafales de vent glacé arrachent ces prémices printaniers. Les blancs et fragiles pétales blancs se mêlent aux flocons de neige et voltigent un moment avec eux.
Il a neigé sur les amandiers en fleurs. Pour quelques jours encore et pour les pires, l'hiver a repris tous ses droits.
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Dans la tristesse et la mouillure, Mars est arrivé. En libérateur, il balaie le ciel et le lave ; il attise le grand brasier solaire. Dans un ciel immense et pur, l'astre brille intensément. Les dernières plaques de neige fondent et mettent, dans les nappes vertes des coteaux, des myriades de ruisselets courant allègrement sous les herbes. Le grandiose enchantement de la nature se prépare et accourt.
Brusquement, des multitudes de couleurs nouvelles éclatent dans la verdure des prairies. Une force juvénile monte du fond de la terre et pousse à l'éclosion des fleurettes sauvages qui disent le printemps.
Silènes
Les silènes égrènent leurs fines clochettes roses, les blancs ornithogales courent dans les herbes fines, les bourraches étalent leurs grappes de fleurs bleues à dard noir sur les feuillages velus.
Bourrache
Les ravenelles jaunes et blanches mêlent leurs couleurs au vert des champs, tandis qu'émergent des herbes courtes, de minuscules pâquerettes fleurissant en nuées blanches comme des traînées neigeuses.
Les anémones poussent leurs lourdes têtes mauves près des touffes moussues tachées des " gouttes de sang " des adonides. Les renoncules jettent les fines coupes d'or ciselé de leurs corolles dans les fonds humides, près des marguerites aux collerettes empesées , blanches et orangées.
Partout c'est l'épanouissement, l'invasion des couleurs nouvelles dominant insensiblement la symphonie en vert majeur des prés et des champs cultivés qu'émaillent les fleuraisons : des nappes ou des coulées se précisent et, peu à peu, les bleus, les jaunes, les roses, les mauves et les blancs des fleurs sauvages envahissantes.
Adonides ou " Gouttes de sang "
Fleurs sauvages
Brusquement, dans les jardins et les vergers, les floraisons des arbres fruitiers naissent en rose, en blanc sur les branches dénudées ; de grosses boules neigeuses s'enflent et éclatent en une féerie fantastique, déboulant sur les pentes et dans les fonds. Les branches nues des figuiers blanchissent, comme givrées, fêtant à leur façon la venue prochaine de leurs feuillages tardifs.
Au bord des routes, les alignements d'amandiers déploient leurs immenses rameaux de fleurs éclatantes, chantant leur victoire qu'accompagne sous le soleil, le bourdonnement de milliers d'abeilles laborieuses, piquant çà et là le coeur les fleurs, butinant encore malgré leurs pattes alourdies de pollen. Un parfum suave de sucs capiteux fleurant le miel, court encore dans l'air réchauffé et met dans la tête une sorte d'ivresse qui donne des envies de se jeter dans l'herbe fleurie pour y dormir.
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Au moindre souffle d'air, des myriades de pétales tombent des amandiers en fleurs, voltigent un moment comme de minuscules floconnés et vont joncher le sol de fleurs nouvelles.
Au soleil, les amandiers ont neigé ...
A. B. A suivre :
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