Oran, telle que nous l'avons connue

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Oran - Le Port - Années 50

Oran - Le Port - Années 50

Texte de A. Bianco

L'épanouissement de l'Oranie est dû indéniablement à l'implantation du vignoble qui trouvait en ses terres fertiles un emplacement de choix. La crise du Phylloxéra en France favorisa son développement puisque les vins Algériens furent nécessaires pour " couper"  les vins français de médiocre qualité. Parallèlement, le commerce avec la France s'intensifia et le Port d'Oran qui s'était déjà développé depuis 1832,  vit surgir, à la fin du siècle, des structures nouvelles, à  la manière des villes-champignons américaines.  De nos jours, longtemps tributaire d'Arzeu qui lui servait d'avant-port, le port d'Oran - bien que bloqué contre l'escarpement des falaises -  est devenu, grâce à des travaux gigantesques, un grand port commercial équipé d'engins de levage et de manutention les plus modernes afin de mieux drainer vers lui toutes les richesses de l'arrière pays.

Saint-Eugène (banlieue d'Oran) - On pèse la vendange - 1909 - Merci Wikipedia

Saint-Eugène (banlieue d'Oran) - On pèse la vendange - 1909 - Merci Wikipedia

Oran,  telle que nous l'avons connue

Echappant à leur pays en pleine crise économique et sociale, les Espagnols revinrent en masse. Ils s'installèrent , sans esprit de retour, apportant avec eux leurs bras robustes, leurs coutumes et leurs traditions qui devaient imprégner l'Oranie tout entière d'un cachet bien particulier que l'on ne retrouve pas ailleurs. La langue même s'insinuait lentement dans les moeurs et il n'était pas rare d'entendre le fellah autochtone et l'ouvrier agricole espagnol discuter entre eux dans la langue de Cervantès. Rapidement, Oran devait devenir la plus européenne des villes d'Algérie et son développement spontané allait reléguer la vieille ville grouillante et colorée dans les  anciens remparts, tandis qu'une nouvelle cité, coupée de larges boulevards bordés  de beaux magasins, de bâtiments administratifs et commerciaux, s'étalait. 

Vieille ville d'Oran

Vieille ville d'Oran

Oran - Boulevard 2ème Zouave

Oran - Boulevard 2ème Zouave

Cette nouvelle cité poussait de plus en plus loin des faubourgs alignés en arc-de-cercle au bord des routes qui rayonnent vers Tlemcen, Mascara et Alger. De l'antique cité espagnole, il ne reste que quelques  vestiges. On voit encore la Porte d'Espagne portant entre deux fines colonnettes cannelées, un écusson aux armes de l'Espagne. 

Porte d'Espagne - ( Porte Ximenès - Les Espagnols - 1509 - entourèrent la ville de murailles percées de portes )

Porte d'Espagne - ( Porte Ximenès - Les Espagnols - 1509 - entourèrent la ville de murailles percées de portes )

Rue Nfissa

Rue Nfissa

Dans une Casbah, c'est toujours le grouillement perpétuel de gens qui dégringolent les rues en pente et les escaliers tortueux, les fumets des poissons frits et des beignets que l'on mange en se brûlant les doigts ; c'est l'odeur particulière des brochettes qui grésillent sur la braise et des têtes de moutons qui rôtissent sur des grilles. Ce sont les mêmes cris, les mêmes appels, les mêmes piétinements que l'on retrouve dans tous les vieux quartiers de villes, que ce soit à Alger ou dans les souks de Tunis ou dans la Médina de Fès. Mais celle-ci est différente puisque, située dans la partie la plus ancienne d'Oran, c'était en quelque sorte le "château " du Gouverneur de la ville. Lorsque les Espagnols arrivèrent en 1509 :  le Cardinal Ximenes entra donc avec ses troupes dans cette citadelle qu'ils baptisèrent :  " Le vieux château " - Castillo Viejo - . Le Gouverneur se rendit au Cardinal et lui remit les clés de ces lieux. Les Espagnols agrandirent les défenses , construisirent des logements et édifièrent des murailles. Le tremblement de terre de 1790 détruisit une grande partie de ces ouvrages, si bien que, par la suite,  les Turcs se contentèrent d'y mettre des prisonniers et de donner aux restes de bâtiments qui subsistaient, des destinations diverses. Quant aux Français, ils y logèrent -  plus ou moins bien -  leurs troupes. 

Plus calme et sereine, la ville nouvelle s'étale donc à perte de vue avec ses rues rectilignes et ses grands boulevards, ses immeubles modernes, ses grands cafés et ses belles vitrines. 

Cette expansion galopante ne risquera-t-elle pas d'englober, un jour, des sites ou des monuments historiques ?

Mosquée du Bey Mohamed El Kebir

Mosquée du Bey Mohamed El Kebir

A suivre................................................. A. B.

Mais cette expansion allait se heurter à un grave problème : l'alimentation de la ville en eau.

Rêve d'Espagne : Les Arènes d'Eckmühl à Oran

Rêve d'Espagne : Les Arènes d'Eckmühl à Oran

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