Le Tourisme en Algérie - 1 Le tourisme exista

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Le Tourisme en Algérie -              1 Le tourisme exista

Texte de A. Bianco

Une fausse idée de l'Algérie ...

Pour beaucoup de gens, l'Algérie a été longtemps - durant plus d'un siècle - une terre ingrate aux vastes étendues brûlées par le soleil, aux eaux pestilentielles d'oueds et d'étangs infestés par la malaria. Le fonctionnaire métropolitain y venait à regret, considérant sa mutation comme une expiation, comme des représailles par mesure disciplinaire ; le militaire venait y purger " les  cinq ans hors d'Europe " pour arrondir la future pension de retraite.

Un oued desséché

Un oued desséché

Le peuple des colons suait pour arracher à la terre des  récoltes profitables avec le seul espoir d'amasser assez d'argent pour une vie plus confortable à la ville. L'Algérien des cités vivait en vase clos, maudissanr les occasions qui le forçaient à se déplacer, à voyager, donc à grimper dans les trains inconfortables, véritables cages-à-poules cahotantes, bruyantes et incommodes ; seul le train de nuit connaissait quelque succès.  

Une espérance commune agitait tous les esprits : la France. Fuir, s'évader, passer la mer, se réfugier dans quelque coin de Métropole, détendre ses muscles, laver son  cerveau, s'imbiber de fraîcheur, baigner ses yeux dans la verdure ; mais surtout et avant tout : voir Paris ! Ce serait alors un retour triomphal, l'évocation des souvenirs récoltés à faire baver d'envie les malheureux restés à mijoter dans la lourde chaleur d'un été accablant, à suffoquer dans  les souffles  brûlants  du fameux  " ch'ili " . 

Enfin, pour les Français de France, l'Algérie était une grande inconnue parmi tant d'autres composantes de ce parent pauvre des programmes d'enseignement : l'Empire Français. C'est tout juste si, quittant les bancs de l'Ecole Primaire, l'adolescent d'une province française en soupçonnait l'existence. 

De cet ostracisme de l'indifférence, aucune de nos possessions n'a autant pâti que l'Algérie, et ce, dans tous les domaines : industriel, agricole, économique en général. Et j'ose à peine prononcer le mot " tourisme " , considéré longtemps comme une plaisanterie, une amusante utopie. Dans les gares, la belle affiche colorée, avec son " Visitez l'Algérie , pays du soleil " , ne retenait pas plus l'attention que s'il s'était agi de la Terre Adélie ou du  Kamtchatka.

Le Tourisme en Algérie -              1 Le tourisme exista
Le Tourisme en Algérie -              1 Le tourisme exista

Pourtant, certaines circonstances devaient  insensiblement jouer pour réparer cette injuste ignorance : les grandes fêtes et manifestations organisées à l'occasion du Centenaire, cela cadrant à peu près, à la même époque avec l'Exposition Coloniale  de Paris en 1931. 

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Le beau pavillon de l'Algérie - Paris - 1931

Le beau pavillon de l'Algérie - Paris - 1931

Ces deux expositions furent les premières à ouvrir les portes au TOURISME . Une impulsion remarquable fut donnée à l'urbanisme. Le Gouvernement Général de l'Algérie, puissamment épaulé par le dynamisme de son Office Algérien d'Action Economique et Touristique ( OFALACT ) , sut encourager et coordonner les efforts de l'industrie hôtelière, de l'Artisanat, des entreprises de transport - rail et route - enfin de tous ceux qui, de près ou de loin, étaient susceptibles d'apporter leur participation au succès final projeté.  

Ce succès fut complet.

Les Français d'Algérie ouvrirent les yeux. Ceux qui venaient de France firent la découverte d'un Nouveau-Monde. Quant aux étrangers, leur surprise fut telle, que leur émerveillement passa les frontières et que des convoitises ne tardèrent pas à s'éveiller ... 

La renommée était acquise,  un grand nom sortait de l'oubli :  l'ALGERIE !

Le tourisme était né. 

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L'heureux temps du tourisme

On vit alors déferler sur l'Algérie des caravanes de touristes  venant d'Outre-Manche, d'Outre-Rhin, d'Outre-Atlantique. Des bateaux chargés de visiteurs en croisière dans le bassin méditerranéen, ne manquaient pas de faire escale dans nos ports.  Des groupes se formaient , poussant des pointes vers les Villes d'Or de l'intérieur, vers les oasis sahariennes, semant dans les rues des villes une animation étrange et pittoresque de costumes inédits, de coiffures bizarres, braquant à tout instant leurs appareils photographiques, mitraillant choses et gens, s'esbaudissant de tout et de rien et s'arrêtant longuement devant les échoppes des petits artisans. 

 

L'une des Villes d'Or : Timgad

L'une des Villes d'Or : Timgad

On les voyait regagner leur hôtel, les bras encombrés d'emplettes inutiles, d'objets d'artisanat - plateaux de cuivre gravés, tapis aux riches couleurs, poignards inoffensifs et bariolés, et toutes ces choses de cuir travaillé, d'argent, de soie ou de velours brodés, ciselés, enluminés - de tous ces souvenirs arrachés aux devantures et aux étalages des boutiques expertes dans l'art d'appâter le touriste.

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Survint la guerre ......

                                      A. B. 

A suivre ...

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