Le Tourisme en Algérie - 2 Tourisme d'un genre nouveau

Affiche de Jacques Blein

Texte de A. Bianco

Survint la guerre ...

Les frontières se fermèrent à l'étranger et au visiteur. Mille problèmes naquirent de cette triste situation, coupant même les ponts entre l'Algérie libre et la France occupée. Le débarquement allié en Afrique du Nord ne fit que compliquer la situation et, longtemps après la Libération, les difficultés de transport et le rationnement devaient freiner la reprise des voyages d'agrément qui, aux étés d'autrefois, vidaient le pays au profit de la France.

C'est à cette époque si fertile en " ersatz " de toutes sortes que les yeux s'ouvrirent sur les sites algériens : ce fut une véritable découverte de la mer et de la montagne pour certains de nos citadins, un étonnement enthousiaste, un ravissement grandissant .

Faire du ski à Chréa

Une sorte de frénésie secoua les volontés engourdies, nostalgiques de la vie facile des belles années d'avant-guerre. Chacun se mit à réveiller ses amitiés, ses affections, ses souvenirs ; à exploiter ses relations pour l'aider à découvrir le petit coin rêvé où aller prendre quelques jours de repos.

On se mit à fouiller les rivages, à prospecter  les montagnes et leurs forêts ignorées. Tout ce qui pouvait rouler sur les routes était utilisé à fond pour les déplacements et " l'auto-stop " connut ses beaux jours. 

Découvrir l'Algérie

Le camping, jusqu'alors ignoré, conquit la jeunesse ; on retroussa ses manches et on coupa les vieilles culottes, pour s'en faire des shorts ; on boucla un " barda " sur le dos et ce fut l'enchantement du plein-air et des grandes marches par routes et sentiers. 

On s'aperçut bien vite, alors,  des erreurs de jugement, des sottes idées qui avaient peuplé les esprits : l'Algérie touristique se révéla aux yeux étonnés. Telle station de montagne, telle plage, telle forêt, qui végétaient sans renom, connurent brusquement un engouement, une exaltation de  "coup de foudre " . Les " produits de remplacement algériens " s'avéraient des concurrents sérieux du Paradis Perdu. 

La paix revenue, les bonnes volontés se regroupèrent pour conserver et entretenir les résultats de cet élan de découverte. Colonies de vacances, scoutisme, société privées, se  créèrent ou se développèrent rapidement grâce à l'appui et à l'encouragement du Gouvernement Général ; déjà, les lois sociales en ayant instauré, en Juin 1936, les congés-payés du monde des travailleurs, avaient fait naître, en 1944, le grand mouvement  de " Tourisme et Travail " . 

Eté 1936 : Premiers " Congés-payés " en France

Les " Ski-Clubs " , parcimonieusement favorisés par la neige trop éphémère sous le beau ciel d'Algérie, étendirent leur action durant la longue période des beaux jours en inaugurant l'organisation hebdomadaire des " wee-end ", des sorties d'une journée et des circuits touristiques à l'occasion des fêtes. C'était à la portée de toutes les bourses. Les compagnies de voyage se mettaient à refleurir grâce au progrès sans cesse grandissant des moyens de transport et elles poussaient hardiment leurs entreprises d'un bout à l'autre de l'Afrique du Nord dans des conditions parfaites de confort, de rapidité et de sécurité. 

Plaque - un peu tronquée _ du Touring-Club de Constantine

Aujourd'hui, l'Algérie connait une ère de tourisme qui progresse et n'est pas près de s'éteindre ; bien au contraire, on assiste à des initiatives remarquables patronnées par l'Etat, telle l'ouverture envisagée de la route en plein ciel devant relier les oasis sahariennes de Laghouat, Ghardaïa, El Goléa et Touggourt : on en parlait récemment à l'Assemblée de l'Union Française. 

Le tourisme algérien a largement dépassé le stade de l'action des entreprises privées ; son plan s'est élevé au niveau d'un souci national, fort bien compris d'ailleurs et qui doit, dans un proche avenir, ramener sur notre bonne vieille terre d'Afrique les grandes caravanes des riches étrangers qui vont, voyageant par le monde, à la recherche des sites inconnus des  terres promises ...

                                               A. B. 

A suivre : Un futur rêvé 

Note : pour les jeunes générations

Ersatz : produit de remplacement pendant la guerre  

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