Un futur rêvé ...

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Un futur rêvé ...

Texte de A . Bianco

...... Sur le plan social particulier à l'Algérie elle-même, on a pensé élever le tourisme au niveau des disciplines culturelles. l'Education Nationale, après avoir placé sous sa bienveillante autorité  les groupements  et " Mouvements de Jeunesse " de toutes confessions, de manière à créer une unité de doctrine, vient d'envisager la formation des guides et moniteurs du tourisme instructif. L'action de ces cadres est tout particulièrement dirigée vers la structuration de l'esprit des jeunes en semant dans leurs cerveaux la graine féconde du goût de la recherche, de l'exploration, de la découverte et l'attrait des sites merveilleux et grandioses dispensés à foison à travers notre belle Algérie. En 1948 est créé " le Comité Algérien du Tourisme " . 

Un futur rêvé ...

Tout dernièrement, la presse annonçait l'envoi d'une délégation algérienne au Canada ayant pour mission essentielle de faire une propagande active en faveur du tourisme en Algérie et d'étudier les conditions de réalisation pratique. 

Faisons confiance à ces ambassadeurs et souhaitons que bientôt Alger ne soit plus une escale furtive et providentielle, comme elle l'est actuellement, sur la route des grandes croisières étrangères en Méditerranée ! Disons : " Au revoir " , au liner " Independence " de l'American Express Line, cette véritable ville flottante et au paquebot " Oslo Fjord " qui, venant de New-York, via Casablanca, Cadix, Gibraltar et Malaga, cinglant vers Bizerte, Malte, Istamboul, Athènes, Venise, Naples ... ont largué durant UNE journée trop courte leurs huit-cents riches touristes américains dans Alger et ses environs ...

Souhaitons, encore, voir ces escales multipliées dans les ports algériens, avec des séjours moins fugitifs et des incursions profondes dans tous les pays où le tourisme attend sa résurrection.  

Bye-bye liner Independence ! ( Photo de 1951 )

Bye-bye liner Independence ! ( Photo de 1951 )

Des trésors inexploités et même inconnus attendent de sortir de l'anonymat obscur dans lequel on les a laissé dormir depuis plus d'un siècle. Pour cela,  des routes nombreuses doivent être ouvertes, des auberges et des hôtels doivent être construits et c'est à cette condition que l'Algérie trouvera la place qu'elle mérite amplement sur la carte du tourisme à travers le monde. 

Mode ? Snobisme ? " Mal du siècle " ? ... Qu'importe. Il  est pourtant indéniable cet état d'esprit actuel qui chasse l'homme des rues et des places de la ville où il étouffe et où il s'ennuie - (id'iq khatrou : son esprit est à l'étroit, traduction littérale du mot-à-mot arabe) - .

Aussi il faut voir la ruée vers l'extérieur des fins de semaines ou des jours de fête ensoleillés : par centaines les automobiles sortent des garages, font le plein d'essence et quittent la ville. Elles foncent sur les routes pour gagner la mer ou la montagne en curieuses caravanes aux silhouettes hétéroclites allant de la voiture puissante au "tacot" archaïque en passant par toutes les rétrospectives du monde automobile. 

Ruée vers les plages surtout

Ruée vers les plages surtout

Il faut voir les cars se remplir à craquer ; il faut voir l'invasion des "trains-bains-de-mer" de la saison estivale ; il faut voir les groupes de jeunes qui, sac au dos, partent vers quelque bosquet, quelque source ombragée et plantent leur tente de camping. Il faut voir tout cela pour comprendre ce sentiment qui pousse chacun hors du chez-soi de chaque jour sur les routes si variées, de la simple promenade à la recherche du grand air et du coin de verdure , à l'expédition mûrement réfléchie. Elles conduisent parfois aux sites saisissants des montagnes chaotiques ou aux rivages agrestes et colorés du bord de mer, avec toutes les joies du pique-nique , des jeux de plein air et des excursions passionnantes.  

L'un de ces vieux autocars à l'odeur si spéciale ...

L'un de ces vieux autocars à l'odeur si spéciale ...

On pardonnera à l'Algérien-né que je suis, un chauvinisme peut-être un peu osé tendant à ramener les sujets traités à la seule région Constantinoise. Je me défendrai de cela en avouant que c'est la région que je connais le mieux puisque j'y suis né au début de ce siècle et que j'y ai grandi sans jamais pouvoir m'en détacher. 

 Bien des circonstances ont joué, me poussant tour à tour des confins du Sud-Tunisien jusqu'au Maroc, me fixant un temps à Alger , manquant même , et de peu, me faire connaître le palais de la Reine Ranavalo à Madagascar. Mais, infailliblement d'autres circonstances m'ont ramené sur le Rocher natal. 

De là, j'ai rayonné partout, soit par obligation, soit par dilettantisme, largement payé par toutes les beautés naturelles rencontrées sur les routes et les pistes dans le "djebel" et dans le bled algériens ; et en France - outre les régions que j'avais connues - j'ai suivi les routes qui menaient de la Provence à l'Alsace puis à l'Allemagne.  

Et bien sincèrement, je me demande aujourd'hui, en désirant conclure sur l'Algérie Touristique, si des trois immenses départements, celui de Constantine n'est pas le plus beau, le plus riche par le regroupement serré des sites pittoresques et variés, allant des plus fameuses des " Villes d'Or " qui dorment au soleil, aux plus hauts sommets de l'Atlas couverts de neige ;  des côtes lumineuses  d'émeraude et de saphir et des grottes innombrables aux beautés secrètes aux grandes forêts de chênes centenaires où, partout, le soleil met de grandes taches blondes, où, partout, règne le calme profond de la solitude et de la paix. 

C'est dans ces décors merveilleux et colorés que s'incarne aujourd'hui,  - ô ma petite Patrie - ta grande destinée. 

Albert Bianco (1909 - 1976 )

 

Photo du 17 Mai 1945

Photo du 17 Mai 1945

                          FIN

FIN

Mon cher  Papa

Où que tu sois ... Es-tu content de moi ?

Michèle

 

A suivre

 Pour terminer : Conclusion/Post-face

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