La montagne Reine
Seconde édition - des images et des notes en plus .
Texte de A. Bianco
D'un bout à l'autre de l'Algérie, la montagne met une suite presque ininterrompue de chaînes et de massifs dont les sommets voisinent entre 1 500 et 2 000 m. d'altitude : Monts de Tlemcen, du Zaccar, de l'Ouarsenis et surtout la masse imposante des Kabylies. Dans la grande Kabylie, le Djurdjura , Lalla Khedidja atteint les 2 308 m. et dans la Petite Kabylie des Babors, les massifs de Collo et de l'Edough sont les morceaux démantelés de la Tyrrhénide. Les vieilles roches cristallines sont recouvertes de couches siliceuses. C'est le domaine favori des grandes forêts souvent peuplées de singes, forêts de chênes-liège et de pins d'Alep , voire même de cèdres plusieurs fois centenaires, au profil écrasé, qui font, par exemple, la plus belle parure de la région de Teniet-el-Had.
De loin, le Djurdjura et les Babors ont grand air et leurs sommets majestueux, recouverts de neige en hiver, retiennent l'admiration des visiteurs.
Rien n'est plus surprenant et charmant à la fois, que les petits villages de montagne.
Dans les Kabylies surtout , ils étonnent par leur position hardie, accrochée aux flancs abrupts des montagnes, leurs maisons minuscules empilées, comme soudées les unes aux autres dégringolent le long des pentes. Ou bien, perchés sur des crêtes ou des monticules, ils dominent les ravins dévalant sur les fonds de verdure. On se demande toujours en les regardant, comment s'est faite leur entreprise et comment des humains peuvent vivre dans l'isolement complet et le climat rude de la montagne
Plus au Sud, la chaîne centrale des Bibans, d'aspect lourd, aux crêtes rectilignes, a un air de vieille majesté ; profondément usée, ravinée, creusée de gorges profondes, taillée de brèches grandioses, elle s'ouvre aux cours d'eau pour leur échappée vers la mer et aux routes touristiques pour leurs percées héroïques. Ce sont les Gorges de Palestro, des Portes de Fer, du Chabet-el-Akra et de l'Oued-el-Kébir.
A suivre ... A. B.
Notes
Lalla Khedidja est un personnage mystique et mythique, à la fois ermite et poétesse, elle pouvait " se déplacer en volant " - dit-on. Elle allait méditer sur sa montagne mais descendait au village, alternativement, pour tenir sa maison. Son mari, " L'Homme aux serpents " avait, lui aussi, des dons surnaturels. Ce sommet est redevenu, après des années d'insécurité, un lieu de randonnées et de pèlerinages. Il garde une part de mystère : comment un fossile marin a-t-il pu être trouvé à 1800m d'altitude ?
On pourrait citer d'autres gorges et défilés coupant de façon impressionnante, les montagnes accidentées de l'Algérie. Celles des Portes de Fer me semblent les plus spectaculaires car elles me font penser à une mâchoire de requin à plusieurs rangs ! Et les deux défilés successifs, que forment les monts Bibans, sont comparables à deux files de verrous ! De plus, sur le côté gauche de la photo, ce gigantesque rocher évoque le profil anguleux d'un général célèbre !!! Impression toute personnelle !
Le Journal de l'Expédition des Portes de Fer ( appelée aussi : Expédition des Bibans - 1839 ) a été rédigé scrupuleusement par Charles Nodier - romancier et Académicien - d'après les notes du Duc d'Orléans. Le but était de créer une liaison terrestre entre Alger et Constantine en jouant sur des rivalités locales... Ce qui ne se fit pas sans dégâts ...
M.P.B.
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