Autour de Biskra
Seconde édition - Des images et des notes en plus .
Texte de A. BIANCO
Géologiquement formé de marnes calcaires et gréseuses où alternent des poussées argileuses, le massif aurésien a été facilement attaqué par l'érosion : rochers éclatés par les gelées, terres profondément ravinées, rongées, érodées, font de cet ensemble montagneux un trésor de sites pittoresques. Ce sont des gorges et défilés saisissants, des canyons et falaises piqués de verdure, de minuscules oasis insoupçonnées, nichées dans les fonds où l'on arrive par surprise, par des pistes invraisemblables et jalonnées de plaques indicatrices qui étonnent dans ces lieux désertiques où souvent le lit des oueds se confond avec la route.
Un gros effort a été entrepris depuis quelques années pour perfectionner les itinéraires au travers du massif : Batna-Biskra par Arris, les Gorges de Tighanimine, Rhoufi, Baniane et M'Chounech, qui jalonnent la vallée de l'Oued Abdi ; on a relié au premier : Tafrent-Menaâ et enfin Batna à Djermane par le Chélia qui rappelle la haute montagne de France. Ce sont des itinéraires semés de très intéressantes excursions payant largement les fatigues de la route par la joie des yeux.
A lui seul, le massif est un centre touristique aux beautés inépuisables avec des points d'attache à Arris, siège de la Commune Mixte des Aurès, voire même à Batna, ou mieux encore à Biskra. Biskra permet, en effet, d'atteindre Touggourt par route et par voie ferrée. En passant par les riantes oasis aux jaillissants geisers artésiens, patrie des dattiers échevelés plantés dans des puits de sable et par les pittoresques villages de pisé, on peut goûter aux prémices des grands déserts de sable , aux grandes solitudes peuplées de mirages enchanteurs, jeux fantasques de la grande lumière.
Mais, plus pittoresques encore sont les " déchras " , les petits villages de l'Aurès : leur position farouche et agressive s'harmonisant à l'aspect général du massif, renforce cette idée de bastion fermé, d'isolement retranché, qui frappe l'imagination et explique l'Histoire. Nids d'aigle isolés, piqués sur les pointes de montagne ou dangereusement penchés en bordure de falaises de terre coupées à la verticale, tout à la fois postes d'observation et camps retranchés, ils ont tous l'air guerrier des citadelles. Leurs " guelaâs " , traduction littérale du mot " forteresses " mais aussi greniers coopératifs où s'entassent les réserves de céréales en prévision des mauvaises années, renforcent puissamment cette impression de défi au monde extérieur ......
A. B.
NOTES
LE PALMIER-ROI
Les palmeraies riches et touffues faisaient partie du paysage lorsque l'on sillonnait la région de Biskra. Mais des photos récentes nous montrent, quelle consternation, des palmiers singulièrement déplumés et des palmeraies " où l'on voit beaucoup trop de jour " à travers les rangées ... Il faut se rendre à l'évidence : le palmier-dattier se porte moins bien.
aps.dz - (que je remercie) - avait publié cette photo en Avril 2019 en précisant ceci :
Selon la protection civile, près de 4.000 palmiers dattiers sont annuellement détruits par des feux à travers les oasis de la région.
Et le journaliste Abdou Semmar - le 23/01/19 - voit la fin des " oasis enchanteresses " et en donne les raisons.
" L’extension rapide des espaces cultivés dans le Sahara algérien au cours des trois dernières décennies a bouleversé les systèmes oasiens traditionnels, lesquels avaient déjà été fortement affectés dès les années 1970 par la croissance démographique des villes et ses corollaires, l’étalement urbain (y compris dans les palmeraies) et l’essor des activités tertiaires. Les oasis traditionnelles de la wilaya de Biskra ont été particulièrement touchées par ces phénomènes du fait de l’extension extraordinaire qu’y revêt l’urbanisation et de l’ampleur des mises en valeur agricoles récentes. " .
C'est un résumé de son analyse et je l'en remercie également.
M. P. B.