Alger - 2 - D'hier à aujourd'hui
28/02/23
Seconde édition : des images, des notes en plus
Texte d'Albert Bianco
Tout l'avenir d'Alger semble avoir eu pour origine le malheureux " coup de l'éventail " reçu un jour de printemps 1827, par notre consul Deval, venu le jour de l'Aïd-el Kébir, présenter ses devoirs au Dey Hussein, mais aussi réclamer des éclaircissements, au sujet d'une fourniture de grains, quelques années auparavant, par Bacri et Busnah, algériens juifs. Sans ce coup d'éventail, l'histoire de l'Algérie aurait-elle pu être changée ? Alger serait-elle devenue la grande capitale qu'elle est aujourd'hui ?
Icosium romaine n'était qu'une toute petite ville auprès de Césarée - devenue Cherchell - qui jouait à l'époque, un rôle de capitale dans cette partie de la Berbérie. Icosium disparut un jour sous les vagues dévastatrices d'une invasion (371) . Relevée par une tribu berbère, avec, au Xème siècle, un souverain Berbère qui voyait dans les îlots en bordure de la côte une possibilité de mouillage pour ses navires, elle devint El-Djézaïr (les petites îles) et un objet de convoitise des navigateurs espagnols. L'un d'eux, Pedro Navarro, résolut d'en faire le siège et fit bâtir, sur le plus gros des îlots, le Penon (1529) .
Tombée sous la domination religieuse d'une puissante famille de Tlemcen, vite chassée elle-même par les Arabes qui venaient d'occuper la riche plaine de la Mitidja, El-Djezaïr fit appel aux aventuriers Barberousse, apatrides corsaires, turcs ou grecs, qui, dans la région de Djidjelli, se livraient à des abordages en Méditerranée. C'était la porte ouverte à l'occupation turque. L'espagnol délogé de ses retranchements, la piraterie méditerranéenne établit ses quartiers dans ce port propice à abriter et couvrir les retours de leurs galères chargées de butin. Tout autour de la ville, des remparts furent dressés, formant une enceinte inexpugnable.
Le berceau d'Alger fut donc, face au Penon, devenu l'Amirauté, ce quartier, combien pittoresque, étagé à flanc de montagne : la Kasbah ; il est limité vaguement par la Place Bresson, d'une part et par la Place du Lycée de Garçons d'autre part. Il comprend tous ces vieux quartiers où se lisent les marques de l'architecture turque : loggias en avancée sur la rue, soutenues par des rangées serrées de longs rondins de thuya, à peine équarris, mode de soutènement identique à celui des rebords de toitures. Ce caractère d'architecture se retrouve notamment dans les bâtiments en bordure du front de mer, servant de résidence de fonction au Général Commandant la Division d'Alger et en atteste donc sa vieille origine.
Dès 1830, à l'arrivée des Français, l'enceinte turque, devenue trop étroite éclata ; la ville déborda sur les flancs et s'étala en bordure du littoral sur l'étroite plate-bande au pied de la montagne et des coteaux puis, résolument en s'agrippant aux pentes, au long des sentiers sinueux, elle s'est étagée vers les hauteurs. Aujourd'hui, cité tentaculaire, Alger a rejoint sa banlieue ; envahissante, elle a remonté les pentes des Tagarins, de Fort-l'Empereur, du Télemly et de Mustapha, poussant ses constructions par-delà le Bois de Boulogne jusqu'à Hydra et El Biar.
Schématiquement, on peut résumer la topographie de la ville (d'Alger) par deux grandes artères s'étranglant entre la Kasbah et l'Amirauté : l'une en bordure du front de mer (promenade délicieuse coupée de places et de jardins ombragés et reposants) , se continue par de larges boulevards. L'autre la double plus à l'intérieur et, partant des Arcades Bab-Azoun et Bab-el-Oued, elle se poursuit par les rues d'Isly et Michelet. Ces rues successives sont longées de tout ce qu'Alger compte de plus grands hôtels, cafés et brasseries, théâtres et cinémas. On y voit les plus luxueux magasins de nouveautés, de tissus, de confection, de fourrures et des bijouteries, des verreries et mille autres choses qui se vendent.
Les multitudes de petits magasins et boutiques sont jour et nuit éclairées sous les sombres et vieilles arcades. Dans les artères vitales règnent à la fois, une activité débordante, une animation constante, une circulation intense. C'est le domaine du commerce sous toutes ses formes, des gens affairés et des badauds. Dès la nuit tombante, ces rues étincellent de lumière et se colorent au long des vitrines innombrables et des enseignes lumineuses. Ramifiées en éventail à leurs extrémités, reliées à tous les quartiers par une infinité de rues, de ruelles, d'escaliers de traverse et de rampes d'accès, elles sont un déversoir immense, drainant vers lui tout ce qui roule, tout ce qui marche, tout ce qui vit ; tout cela dans un infernal brouhaha doublé de tintamarre, dominé par les grincements hurlants des tramways qui, dans les deux sens, se suivent à des vitesses folles et sont sans cesse doublés par d'interminables files d'autos et de camions.
A elle seule, Alger est tout un programme et l'on ne peut pas venir en Algérie sans avoir vu Alger. Pas plus qu'on ne peut visiter la France sans vouloir voir Paris.
A. Bianco
NOTES de M.P.B
LA CASBAH D'ALGER Elle est inscrite au Patrimoine Mondial de L'Humanité par l'Unesco ( 1992 ) qui contribue à la préserver.
Le mot Kasbah signifiait, à l'origine : forteresse ou ... roseau. En effet, le roseau était fort employé pour faire les toits des maisons. La première de ses qualités était d'être un excellent isolant thermique. Dans les médinas, les "souikas " , ( petites ruelles commerciales ou ... ) étaient bordées de maisons pittoresques coiffées de tels toits mais ils disparurent peu à peu dans les médinas historiques comme celles de Fès ou Marrakech.
Celle d'Alger a connu des péripéties depuis l'Antiquité. Elle avait été un port Punique, puis Berbère, puis Romain. Elle fut aussi le siège du pouvoir mais perdit cette fonction au profit de la nouvelle ville. De même elle avait été le refuge des Indépendantistes, mais en 1962 elle, ne retrouva pas son rôle central . Elle était alimentée en eau par quatre aqueducs et l'un d'eux fonctionna jusqu'au début du XX° siècle !
Les Algérois amoureux de leur passé s'efforcent de réparer ses maisons typiques et ses ryads.
LA COLONNE " BAILLOUD " Ce monument fut construit, par souscription, en 1908, en hommage à l'Armée d'Afrique et on l'inaugura en 1912. Le président du Comité de cette souscription était le Général Bailloud. La photo aérienne (cf plus haut) montre une colonne au milieu d'un bois (?) circulaire qui couronne une hauteur de la banlieue algéroise : Fort l'Empereur.
En 1943, les Américains, débarqués à Alger, se rendirent compte que cette haute colonne blanche pourrait servir de repère aux avions ennemis ! Il fallait donc la détruire ... Tristesse des Algérois ... Les Services Techniques de la ville procédèrent à sa démolition le 3/02/1943. Le médaillon de bronze et la plaque de marbre furent déposés au musée Franchet d'Espérey dans l'ancien Palais du Dey situé à l'entrée du vieux fort turc (construit de 1516 à 1592) .
Y sont-ils encore ?
M.P. B.
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