Vestiges Romains dans le Constantinois
Texte de Albert Bianco
Seconde Edition : des images, des notes en plus
C'est donc sur les voies romaines suivies par la Legio III Augusta, que se lit l'histoire merveilleuse que racontent aujourd'hui les pierres millénaires des monuments comme celles des routes, ou des fortifications et citadelles, et celles des aqueducs ou autres travaux hydrauliques.
Les fouilles, dans Constantine, ont mis à jour une très jolie statuette de bronze, représentant une victoire ailée qui fut l'emblème de cette glorieuse Phalange Romaine ; sa reproduction surmonte le Monument aux Morts et son image fut reprise en 1942 -1945 , par la non moins glorieuse 3ème D.I.A. laquelle a ouvert le grand chemin qui mène de Toulon, aux bords du Danube ...
Partout, et notamment, dans la région de Constantine, se dressent, majestueux, les restes démantelés de travaux gigantesques que l'imagination la plus constructive, la plus fertile, a peine à rétablir à leurs mesures d'autrefois ; telles ces Arcades Romaines, restes misérables d'un immense aqueduc de plusieurs kilomètres de longueur, qui alimentait Cirta en eau et qui s'élevait à trois fois la hauteur actuelle de ses arches.
Fontaines, aqueducs, réservoirs, citernes, vannes, barrages et canalisations attestent à quel point le problème de l'eau fut poussé. Les arcs de triomphe majestueux de Tébessa, de Lambèse, de Timgad, de Djémila, marquent le caractère de colonisation militaire. Théâtres, thermes, villas, demeures somptueuses, pièces d'apparat et loggias ornées de merveilleuses mosaïques, riches sarcophages, restes d'huileries occupant des quartiers entiers (régions de Tébessa et Sétif) ; temples de Tébessa, Djémila et d'ailleurs, aux élégants portiques aux colonnes corinthiennes et ioniques, forums et tribunes aux harangues, tout cela rassemblé dans le décor monumental des villes, prouve la richesse incontestable du pays.
La ville semble avoir été l'aboutissement rationnel d'une colonisation intelligente, sage et civilisatrice ; la multiplication des temples, les basiliques et les baptistères, sont autant de preuves d'un indéniable esprit de tolérance religieuse sans laquelle nulle civilisation ne saurait durer.
De cette oeuvre colossale, il ne reste, hélas, que des ruines ; les invasions qui se sont succédé, les guerres intestines qui en ont découlé, ont porté partout la destruction. Le temps a amoncelé sur elles des montagnes de terre, apportées par les déluges et par les vents, recouvrant tout cela d'un lourd manteau d'oubli. Leur récente résurrection, inlassablement poursuivie, a doté l'Algérie d'un pur joyau touristique : Timgad, l'antique Thamugadi, la Pompeï africaine, Djémila, Lambèse, Tébessa, dans lesquelles un gros effort de remise en ordre et de restauration a été entrepris.
Dans la solitude des campagnes, le soleil met sur leurs pierres patinées par les ans, des reflets d'or et de feu qui en font des sites enchanteurs de renommée mondiale : LES VILLES D'OR ....
A. B.
Notes de M.P.B.
Lu ce titre dans la Presse Algérienne :
" Halte au massacre de l'Aqueduc Romain de Constantine ! " . lematindalgerie.com le 15-07-22
Une fois de plus, ai-je pensé ! Ce n'est pas la première fois que l'on s'attaque au site de nos chères Arcades Romaines , au cours des décennies passées , alors que l'on devrait les protéger ... C'est tout ce qui reste d'un bel aqueduc de 70 m. de hauteur ( alors que le Pont du Gard n'est haut que de 49 m. ! ) . Sa fonction était d'amener l'eau du Boumerzoug à Constantine.
Des " attaques " passées, j'ai retenu que le " pseudo-propriétaire " (sic) du terrain voulait en faire un café ...
Puis un promoteur décida "d'aménager " le site à sa façon : mais les aménagements étaient si importants qu'ils éclipsaient les arches. On peut féliciter les Constantinois de s'être soulevés contre cette réalisation calamiteuse : on la détruisit donc.
Mais on annonça que l'on y mettrait des " structures plus légères " ( sic) ...
Et puis le 03-04-2005 on ouvrit un échangeur ...
A croire que cela n'était pas au point ... ???
Vous pourrez lire l'article du Matin d'Algérie dont j'ai extrait des photos éloquentes .
Chers Constantinois, sauvez votre patrimoine !!!
A propos de la 3ème D.I.A. ( 3ème Division d'Infanterie Algérienne ) qui a participé à la Seconde Guerre Mondiale, vous aurez sûrement deviné que l'auteur, mon père, en faisait partie ; cela les mena depuis Toulon jusqu'au Danube ...
Tébessa est entre le massif des Aurès et la frontière algéro-tunisienne. Dans l'Antiquité elle s'appelait Théveste.
Lambèse au NE de l'Algérie était une ville militaire de l'Afrique Romaine. Elle s'appelait Tazoult. Elle est à 10 Km. de Batna.
Timgad (Thamugadi) est la Pompéi de l'Afrique du Nord. Elle fut fondée par Trajan en l'an 100.
Djemila (antique Cuicul) est dans la Willaya de Sétif. Elle fait partie du Patrimoine Mondial de L'UNESCO.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, les Comédiens Français venaient en Algérie et en Tunisie jouer les pièces classiques dans les théâtres antiques de Djemila, Madaure, Tébessa etc : c'était "la Tournée des Villes d'Or ".
N'ai-je rien oublié de préciser ?
M.P.B.