" Vichy " d'Algérie
Texte d'Albert Bianco
Seconde Edition - des images et des notes en plus
03/01 24
Une eau alcaline, pétillante, agréable au goût, fait depuis quelques temps la renommée de la région d'Alger : c'est l'eau minérale de Ben Haroun qu'une propagande et une réclame bien menées viennent de mettre à la portée de tous, d'un bout à l'autre de l'Algérie, dans les épiceries, les cafés, bars et estaminets où l'on peut étancher sa soif.
Constantine possède sa modeste source d'eau minérale dite " du Marabout " et Sétif a aussi la sienne : Source de Takitount. Leur exploitation, toute locale, ne cherchant nullement à concurrencer les eaux minérales d'importation métropolitaine, n'a jamais été poussée, ni commercialisée. Et, c'est par un pur hasard que j'ai découvert, par une chaude après-midi d'un printemps précoce, la source de Takitount et que j'ai bien failli ne pas en revenir.
Un repas trop copieux mangé sur la plage de Cap Aokas, nous avait mis dans la gorge une soif à donner des hallucinations de fraîches cascades et de "demis" de bière glacée, tout au long de la route qui nous ramenait sur Sétif, en dévalant les pentes de la montagne.
Nos yeux cherchaient l'oasis, le ruisseau, la source d'eau fraîche, dans les creux profonds des vallées verdies. Tout à coup, tout au fond du val encaissé, riant au soleil comme une vraie tentation, un vrai ruisseau d'eau claire prend naissance au pied d'une tour couverte et se met à courir allègrement dans les herbes. Tout près, une " mechta " aux gourbis couverts de chaume, des jardinets, des arbres, des tas de bouteilles vides mettent une certitude au mirage entrevu. Stop ! La petite voiture qui nous transporte s'immobilise dans la descente et le premier, à grandes enjambées de kangourou, je dévale la pente raide vers l'eau tentatrice.
Guettant le visiteur qui constitue la seule et rare distraction du coin, le gardien a compris le but de ma course intempestive et lentement s'approche du château d'eau, une grosse clé à la main. Il ouvre la petite porte au moment même où, freinant sur les talons, je bloque mon élan : bouillonnante, l'eau jaillit du sol dans la vasque de maçonnerie pleine d'ombre fraîche. Je dégringole les deux marches de pierre et, accroupi, je trempe mes mains réunies en coupe dans l'eau et je bois goulûment.
Une odeur aigrelette me chatouille les narines et ma gorge rafraîchie goûte aux picotements de l'eau gazeuse. Je me relève pour alerter mes compagnons de voyage et, par de grands gestes, les invite à hâter leur descente. Brusquement ma tête tourne, je manque tomber : sottement je venais de friser l'asphyxie en respirant à pleins poumons le gaz carbonique stagnant à la surface de la source.
Je n'avais plus qu'à me désintoxiquer par de larges inspirations d'air pur. Le mieux se fit sentir en quelques secondes. Résolument, mais en prenant des précautions cette fois, j'allais retourner à la source quand le gardien me fit comprendre qu'il était inutile de risquer la mort quand on peut boire, sans danger, la même eau en plein air, en se servant du robinet qu'il me désigne un peu plus loin.
Et de m'expliquer, avec force détails, après boire, que la source donne une eau très connue et très goûtée dans la région Sétifienne : l'eau de Takitount, qu'elle appartient au Docteur Deshayes de Sétif et que lui-même en est le gardien, le préposé à la mise en bouteilles et le préparateur, à la demande , des stocks commerciaux.
A la bouteille, nous goûtons encore cette eau fraîche, pétillante, légèrement bicarbonatée qui ressemble à bien des eaux de Vichy. Et nous nous demandons pourquoi une telle richesse demeure inexploitée et pourquoi cette eau si agréable se perd inutilement dans les champs en un petit ruisseau qui va, courant, parmi les herbes hautes vers une destination inconnue ... A. B.
NOTES DE M.P.B.
La Commune-Mixte de Takitount fut créée en 1880 et elle devint Sous-Préfecture de Kerrata jusqu'en 1961. Elle faisait partie de Département de Sétif ; elle est donc, actuellement, dans la Wilaya de Sétif.
Attardons-nous à Aokas, de la wilaya de Béjaïa (ex -Bougie) - dont le nom signifie : requin en Berbère - qui a 16 000 habitants environ. Cette ville mérite un détour car elle compte trois perles : une plage de rêve, une grotte féérique et un étonnant Château de la Comtesse !
Cette grotte fut découverte en 1962, par hasard, lorsque l'on perça le grand rocher pour faire un tunnel. Elle ne fut exploitée qu'en 1985 et connut aussitôt le succès ; l'été elle reçoit 1500 visiteurs par jour. Mais la pollution des gaz d'échappement des voitures pose un problème ...
Le château fut construit en 1870-1890 par un Général Français pour son épouse Algérienne. Il pensait lui donner le nom de sa femme mais elle ne le voulut pas. Il baptisa donc cette élégante demeure : Château de la Comtesse.
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