TIMGAD ... sous un jour inattendu !
Seconde édition - des images , des notes en plus.
Texte de Albert Bianco
Je n'avais pas vingt ans quand, pour la première fois de ma vie, je découvrais, avec Timgad, la réplique africaine du monde romain que je ne connaissais jusqu'alors, et très mal, qu'à travers les manuels de Littérature et d'Histoire et les premiers balbutiements du cinéma sonore et parlant.
Chacun " des douze " de ma promotion d'Ecole Normale, avait cru très malin de choisir dans la lignée des Césars, le surnom d'un empereur, ce qui eut l'avantage, (du moins pour certains), de connaître la vie de celui de ces " grands " dont il portait le nom. Une sorte d'émulation nous poussant, c'était à celui qui avait trouvé la plus truculente, la plus pimentée des histoires puisées dans la vie intime de chacun d'eux, que revenait l'honneur de meubler les longues heures d'études ennuyeuses.
Ainsi nous furent révélées les orgies, la sensualité, les grandeurs et les puérilités romaines ; les folies de Caligula ( Petite Savate ) qui nomma son cheval Incitatus, " Consul de Rome " ; les cruautés sanguinaires de Néron, les infortunes matrimoniales de Claude tant sous le joug sensuel de Messaline que sous le pouvoir autoritaire d'Agrippine et les débauches de Vitellius.
Le monde et le demi-monde des Vestales, des patriciennes et des courtisanes, nous livrèrent leurs secrets en semant dans nos esprits des rêves de grandeur et de concupiscence.
C'est sous cet angle particulier que se révéla pour moi la découverte de Timgad, la Pompéï africaine, en ayant pour "cicerone(s)" des condisciples Batnéens.
Certes, je fus frappé d'admiration devant l'Arc-de-Triomphe de Trajan dont l'image grandiose se grava dans ma mémoire avec le dessin précis de ses pilastres, de ses colonnes corinthiennes de ses frontons courbés, de ses niches aériennes flanquées de colonnettes. ( Il inspira le Monument aux morts de Constantine ) .
J'ai rêvé un moment sur les dalles du Forum, dans le cadre immense des portiques, des colonnes brisées et des socles vides de statues ; j'ai regardé sans comprendre les restes du Capitole aux deux colonnes doriques cannelées, dressées dans le ciel.
Mais le détail des phallus ailés, sculptés dans la pierre à hauteur de bras, dont la suite pouvait conduire, même de nuit, au lupanar du coin, a dominé mes souvenirs de cette ville aux rues se coupant perpendiculairement, à la manière des " cities " américaines ; une ville où les thermes semblent avoir été le grand souci des constructeurs tant ils pullulent.
De la visite au musée, j'ai emporté, plus nettement, l'image quelque peu osée, du " nègre " attaché au service particulier des thermes réservés aux femmes et celle des mosaïques des Philadelphes et de Vénus Anadyomène.
...... 1942 ....
Beaucoup plus tard, ayant déjà connu et aimé Timgad et Djémila, la Guerre me fit découvrir , sous le ciel gris et froid de Tébessa, les plus beaux monuments non seulement de L'Algérie Romaine, mais peut-être bien du monde romain.
A. Bianco
Notes de M.P.B.
TIMGAD est l'une des rares villes romaines découvertes dans leur intégralité .
Pourquoi mettre en premier lieu ce portrait d'un noble anglais ?
Réponse : c'est lui qui découvrit, au 18ème siècle, Thamugadi, la Belle Endormie recouverte par les sables du désert !
Grâces lui soient rendues !!!
Rappelons que Timgad (jadis Thamugadi) , fait partie de la wilaya de Batna dans les Aurès.
Elle devint colonie romaine, en Numidie, en l'an 100 , par Trajan. Elle fut bâtie dans le respect de la géométrie admirable des villes romaines et dotée de superbes monuments.
Comme tant d'autres elle fut pillée par les Vandales en 430. Elle déclina alors jusqu'à son abandon au 8ème siècle.
Les sables du désert la recouvrant peu à peu lui firent comme un linceul d'où émergeaient quelques sommets de pierres taillées. Elle sombra donc dans l'oubli une dizaine de siècles.
James Bruce (1730-1794) né en Ecosse était un érudit féru d'Histoire, géographe, explorateur et diplomate. Il avait entrepris un voyage en Afrique avec l'espoir de découvrir les sources du Nil Bleu. Dans ce long périple, il put remarquer des cités antiques recouvertes par les sables du Sahara et par bonheur il s'attacha à dégager l'Arc-de-Trajan et autres merveilles de Thamugadi.
Quelques photos jalonnent la renaissance de Timgad. Les fouilles continuèrent de 1881 (quand la France prit le contrôle ) jusqu'au début des années 60 et l'Algérie put continuer.
L'amour chez les Romains
Nous avons vu que l'auteur avait visité Timgad étant jeune Normalien, pour la première fois et qu'il la revit plus tard pendant la guerre ... et ce ne fut pas sous le même angle ...
Nos jeunes gens ayant rejoint leurs condisciples de Batna durent donc former un groupe des plus joyeux ayant laissé professeurs et études ! Leur idée de se placer chacun sous l'égide d'un empereur romain particulièrement scandaleux révèle donc :
1 Une culture historique - étendue et coquine (!) - car on évalue de 85 à 100 le nombre d'empereurs ayant régné à Rome plus ou moins longtemps, dont certains - en nombre important - périrent de mort violente !
2 Un humour de potache sous une blouse grise de futur instituteur ! Ce qui n'empêchait pas la sensibilité au romantisme des ruines du Forum ou l'observation artistiquement détaillée des sculptures de l'Arc de Trajan.
Nous ne saurons jamais quel empereur, Albert, mon Père, avait choisi ...
On imagine combien nos touristes devaient "s'esbaudir" à la vue des sculptures phalliques qui jalonnaient l'itinéraire des "Maisons de plaisir " surtout à cette époque, vers 1930 ...
Toutefois il faut reconnaître que les Romains n'étaient pas hypocrites en ce qui concernait l'amour. Bien sûr il s'agissait là d'un amour - si l'on peut dire - tarifé et la bissexualité était courante.
En ce qui concernait le mariage, c'était une association mûrement préparée par les familles. Si, par chance, l'Amour était au rendez-vous : tant mieux !
Le père de famille régnait en maître, l'épouse se devait d'être irréprochable, nul écart n'était permis mais si le mari faisait des fredaines, là on était plus tolérant !
Est-ce que les choses changèrent au cours des siècles ? " Rien de nouveau sous le soleil " ou "Nihil novi sub sole " (Plusieurs traductions)
" Au cours du XXe siècle, des mesures sont prises pour abolir progressivement en droit la domination masculine dans la sphère privée". (sic)
Na !
M.P.B.
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