L'empreinte Byzantine - La conquête Arabe

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

1 L'empreinte Byzantine  (634 - 647)

Il est assez curieux de rencontrer aux abords ou à l'intérieur de certaines villes romaines, parmi les ruines d'aujourd'hui, des monuments d'un caractère architectural tout à fait étranger et notamment byzantin.

Après un siècle d'occupation Vandale (429 - 534) , un corps expéditionnaire byzantin débarquant en Tunisie, déferla, en effet, sur l'Afrique du Nord, jusqu'à Cherchell, jusqu'à Ceuta. Il se heurta à la résistance berbère centralisée dans l'Aurès et dans les Kabylies. Une lutte sans merci devait créer dans le pays et surtout dans l'Est, un sentiment de perpétuelle insécurité qui se manifesta, du côté des assaillants dans les constructions défensives qu'ils nous ont léguées : défenses élevées en hâte, englobant souvent des édifices antérieurs transformés en bastions (tel le théâtre de Madaure) , mais surtout des  forteresses aux murs massifs, flanquées de tours. 

Eparses, leurs ruines dressent aujourd'hui leurs silhouettes robustes et colorées parmi lesquelles il convient de citer les forteresses de Taoura, de Madaure et de Timgad, et les enceintes de Mila et Tébessa. ( Note : En 530, la région de Théveste, l'antique Tébessa, était devenue province byzantine, après que Solomon, gouverneur nommé par Justinien, l'eût reprise aux Vandales) .

Réduits à la défensive dans la région orientale, les Byzantins avaient dû composer avec les Berbères de l'Ouest ; une preuve de l'indépendance que leurs princes avaient acquise, se retrouve dans les splendides tombeaux pyramidaux de cette époque (les Djeddars de la région de Tiaret) qui sont des mausolées de princes berbères chrétiens datant des VI° et VII° siècles.

D'ailleurs, obligés d'assurer leur défense sur d'autres fronts, en Europe et en Asie, les Byzantins cédèrent de plus en plus devant l'audace des Berbères. Déjà se dessinait la renaissance d'un Etat Berbère à cadres byzantins, quand se produisit l'invasion musulmane ; cette oeuvre n'eut pas le temps de se réaliser

Tébessa  -  Ruines de la Basilique Byzantine

Tébessa - Ruines de la Basilique Byzantine

TIMGAD  -      Arc de Trajan  -   (faute d'avoir trouvé les restes de la forteresse byzantine ! )

TIMGAD - Arc de Trajan - (faute d'avoir trouvé les restes de la forteresse byzantine ! )

Djeddar   de   Tiaret

Djeddar de Tiaret

La conquête Arabe (647 - 709)

L'an 647 de notre ère, l'une des dates précises de l'Histoire de l'Algérie, marque la pénétration résolue de l'Islam et l'écrasement de l'armée des Berbères et des Byzantins réunis. Après cette défaite, les Byzantins ne devaient plus que jouer un rôle effacé ; seuls, les Berbères, païens judaïsés ou christianisés, organisèrent une résistance sporadique qui cessa avec la chute de l'Aurès.

L'Afrique de l'Antiquité finit là, dans ce tournant de l'Histoire où se font jour, sous la domination musulmane, des conditions de vie nouvelles.

L'historien n'est peut-être pas entièrement renseigné sur la longue période de plusieurs siècles qui suivit ; les documents laissés par le passé sont parfois enrichis de légendes. En bref, elle est dominée par la guerre, Guerre Sainte, menée au nom de la Foi, pour le triomphe d'une religion, l'Islam, par la force des armes et la défense contre les Infidèles.

Elle est marquée par la rivalité des grandes familles qui, tour à tour, se sont données comme championnes de la religion, organisant des royaumes et les défaisant, transplantant les capitales religieuses de l'extrême-est de l'Afrique du Nord (Kairouan)  à l'extrême-ouest (Fès) , avec d'autres foyers religieux à Tlemcen et Bougie.

A ces luttes intestines s'ajoutaient, l'insécurité totale fomentée par les les îlots irréductibles ou ressuscités de résistance berbère, et les raids ou incursions de nomades du sud pour la conquête de terres fertiles et de villes riches, ou, tout simplement pour des " razzias ".

Si, durant cette longue période, la guerre a semé sur son passage ruines et destructions,  elle nous a laissé, en revanche, une floraison d'architecture et de constructions religieuses : les mosquées, temples de la Foi, et les Médersas, véritables séminaires servant au recrutement des personnels administratifs. Elles demeurent aujourd'hui des monuments d'une grande beauté, tant par le style que par la multitudes des ornements qu'elles contiennent.

Dès le XV° siècle, nous assistons à une véritable décadence politique et à une vie intellectuelle amoindrie. La piraterie des Barberousse ( Arouj et son frère Kheïr-ed-Dine) , prélude à une véritable invasion turque, s'installe en maître en Algérie. ALGER, disputée aux Espagnols devient le repaire et la capitale barbaresque.

Aventuriers, pirates, missionnaires, catholiques et marchands s'y donnent un pittoresque rendez-vous et y apportent un cachet de peuplement hétéroclite. Marbres sculptés d'Italie, faïences de Hollande ou d'Espagne, soieries de Lyon, modes turques et modes d'Europe, tous articles d'importation, concourent, dès lors, à faire d'Alger la future Capitale et le grand port commerçant qu'elle ne devait plus cesser d'être au cours des siècles qui ont suivi.                                                                                                                                 A. Bianco

A suivre : Alger

Mosquée de Sidi-Ghanem à Mila : la plus ancienne mosquée d'Algérie

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Ancienne forteresse de Tlemcen

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Kheïr-ed-Dine Barberousse

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