Retour à Biskra
06-02-2022
Seconde édition - Des images, des notes en plus.
Texte de Albert Bianco
Un oued aux eaux claires, une grande palmeraie pleine d'ombre colorée, un village de boue séchée, des ribambelles de gamins qui saluent notre arrivée de signes de la main et de cris juvéniles. J'ai une recommandation, une lettre de créance pour le Caïd, malheureusement celui-ci est absent et je dois me contenter de suivre l'un des " guides de l'hôtel " (?) pour la visite des gorges pittoresques qui s'ouvrent en plein massif, à quelques encablures de la palmeraie.
C'est un chemin épouvantable que celui qui y conduit, un chemin absolument proscrit aux chaussures fines et à hauts talons, un petit sentier de chèvres rempli de cailloux ronds, de coupures boueuses, hérissé de buissons épineux et d'escarpements de roches.
Brusquement, à un coude de l'oued, c'est la découverte de l'entrée - ou mieux - de la sortie des gorges rouges, taillées à grandes cassures dans le roc et l'argile, sorte de porte immense ouverte sur le coeur sauvage et inquiétant d'un pays étrange, hallucinant. Des cascades de verdure luxuriante, des palmiers esseulés, des guirlandes de plantes étonnantes de vie ; des nappes de lumière et de grands trous d'ombre violette ; une rivière, une eau claire courant sur un lit de cailloux ; des nappes d'eau tranquille où se reflètent, avec une précision exceptionnelle, les images renversées des verdures, des pans de falaises et le bleu intense du ciel, nous surprennent et nous éblouissent ...
Un grand calme, un silence pesant, à peine troublé par un chant lointain des grenouilles et le murmure de l'eau, étreignent profondément, plongent dans l'extase.
On s'entend respirer ...
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Revenus à Biskra, nous voici maintenant dans le Jardin Landon - une oasis sans palmiers-dattiers , mais avec des palmiers d'ornement - absolument remarquable par la magnificence de ses hautes frondaisons, de ses verdures touffues, de ses coins sombres, de ses plantations luxuriantes, de ses chemins perdus dans les fourrés ; un vrai temple d'ombre, de fraîcheur et de calme.
Mais il faudrait, pour en goûter tout le charme, une journée plus chaude que celle que nous vivons ; pour l'instant, les coins ensoleillés ont notre préférence et toute notre sympathie. C'est bien à regret que nous quittons la douce chaleur qui nous pénètre insensiblement et si délicieusement à l'heure du repas de midi.
C'est déjà le retour. Tout autant que nous-mêmes grisée de soleil et de cap au nord, l'auto nous emporte à une vitesse folle vers la ligne dentelée, toute bleue et rose, striée d'ombre, de l'Atlas qui barre notre horizon comme une muraille infinie et gigantesque.
Dans son décor sauvage, la grande porte d'EL-Kantara nous ouvre le passage : nous rentrons dans l'hiver ...
A. Bianco
Notes de MPB
Le Jardin Landon : une idée du Paradis aux portes du désert.
Ce merveilleux jardin fut créé en 1872 par le Comte Albert Landon de Langeville dans le but d'acclimater à Biskra des espèces végétales exotiques venant du monde entier. La proximité du désert sembla rendre cette entreprise utopique. Mais c'était mal connaître l'opiniâtreté du Comte et des jardiniers - confirmés ou nouveaux - de Biskra ! Ils arrivèrent à apprivoiser toutes les variétés de plantes venues des régions méditerranéennes ou d'Europe, d'Amérique, d'Orient etc ... Verdures et fleurs s'acclimatèrent grâce à un savant système d'irrigation. Des bancs autour de la pièce d'eau comme dans les allées ombragées accueillirent des visiteurs venus de partout. Des peintres comme Matisse, les divers Peintres Orientalistes - dont on peut voir les peintures que ce blog aime à reproduire au fil de ses pages - des écrivains comme A. Gide ou les Fitzgerarld, des musiciens, des hommes politiques ... et des touristes innombrables firent son succès !
Le Comte voyait grand ! Sur dix hectares, il créa aussi une résidence pour de nobles visiteurs venus de toute l'Europe, un église, un bar et en 1890, il fit construire un pavillon pour artistes et écrivains. En 1959 le jardin fut classé Patrimoine Communal cependant sa superficie s'était réduite à quatre ou cinq hectares. Pour d'obscures raisons il fut fermé en 2008 pour deux ans ... Récemment, il connut - hélas - une autre sombre période.
En 2017, le journal El Watan et la Filière Hôtellerie et Restauration en Algérie, firent savoir que le jardin dépérissait par manque d'eau. Je cite une partie de leur article ( et je les remercie ) .
" Des dizaines d’habitants de la Reine des Zibans et d’autres résidents à l’étranger dénoncent cette situation à travers les réseaux sociaux, où des photographies circulent, montrant des travées poussiéreuses et comme abandonnées, des arbres et des palmiers aux feuilles et palmes jaunies et des carrés asséchés et arides. Parfaitement au courant du sort infligé à ce jardin cher au cœur des habitants de Biskra, les autorités locales tardent à réagir, pense-t-on. Pendant des années, la direction de l’environnement, qui a initié une opération de réhabilitation du Jardin Landon, l’a bénévolement entretenu et géré en lieu et place de l’APC, à qui il appartient de droit. Il n’est plus irrigué, à cause d’une pompe de forage d’eau défectueuse, a-t-on appris.
Au printemps 2021 El Watan publia un article sur " La Troisième édition du printemps de la lecture à Biskra " avec une photo montrant une foule de visiteurs ... dans le Jardin Landon !
La période noire qu'avaient connue ces lieux semble donc bien loin ! C'est une satisfaction pour les habitants de Biskra et tous les amoureux de ce jardin enchanteur. On souhaite la pérennité de sa réhabilitation !!!
M.P.B.
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